Repenser notre peine : collaboration en réponse à la crise de surdoses

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Organizing Our Grief: A Collaboration in Response to the Overdose Crisis est une publication gratuite en ligne visant à décrire et à faire connaître une œuvre d’art mobile et une série d’évènements publics appelées Wish You Were Here, Wish Here Was Better. Ce projet proposait un espace pour les personnes touchées par la crise actuelle des surdoses et de la contamination des drogues. Au cœur de cette série d’évènements, une œuvre de l’artiste Les Harper, intitulée ekisâkihitin (« Je t’aime » en cri) illustrait les portraits de 19 personnes de la région de Peel décédées de surdose. Nous avons publié Organizing our Grief dans le cadre du projet Living with Concepts, un ensemble de publications de la Blackwood Gallery visant à encourager la sensibilisation, le dialogue et le partage des ressources. Nous avons souhaité détailler le projet Wish You Were Here, Wish Here Was Better tout en donnant foi en l’avenir aux personnes qui ont perdu des proches en raison de la crise des surdoses et de la contamination des drogues.

Nous sommes ravi·e·s de l’invitation de CATIE à diffuser notre publication Organizing our Grief et à en présenter le contexte. La réponse actuelle au VIH est au cœur d’une grande partie de notre travail de publication et du projet Wish You Were Here, Wish Here Was Better, en particulier en ce qui concerne les façons dont le deuil, la colère légitime, la réduction des méfaits et le partage des ressources sont depuis longtemps des piliers fondamentaux grâce auxquels les communautés touchées par le sida ont lutté et continuent à lutter pour survivre, prospérer et mourir dignement.

Nous sommes également enthousiastes de diffuser cette publication auprès de la communauté de CATIE étant donné que la consommation de drogues et le VIH sont particulièrement liés. Non seulement certaines personnes vivent avec le VIH et utilisent des drogues, mais il y a également une relation forte et historique entre la réponse à la guerre contre les drogues et la lutte contre le VIH. Par ailleurs, nombre des initiatives de prévention du VIH les plus précoces et efficaces – à l’image des programmes d’aiguilles et de seringues et des sites de consommation à moindre risque – ont été menées par des personnes qui utilisent des drogues.

 

ekisâkihitin – Les Harper

Notre objectif en concevant Organizing Our Grief et en communiquant maintenant le programme auprès des lecteur·trice·s du Blogue de CATIE est de leur apporter une source d’inspiration et d’information pour la mise en place de projets similaires dans leurs propres communautés. Il pourrait s’agir de reproduire notre projet, ou, plus simplement, d’avoir des conversations avec des personnes de la communauté touchées par les politiques inadaptées relativement aux drogues et par les décès prématurés dus aux surdoses, mais qu’on peut prévenir. Une telle démarche peut permettre de trouver des manières de laisser la place à l’expression du deuil et de la frustration et de se servir de cet espace pour créer et mettre en place un meilleur avenir.

Voici deux extraits d’Organizing Our Grief qui présentent davantage le projet Wish You Were Here, Wish Here Was Better, la publication connexe et la passion que nous y avons mise.

Moving parts: Making a roving public memorial [En mouvement : la mise en place d’un mémorial public itinérant] (extrait)

Karie Liao, Fraser McCallum, Jacqui Usiskin (Blackwood Gallery)

Le projet Wish You Were Here, Wish Here Was Better consistait en une œuvre d’art et une série d’évènements proposés durant une semaine par Zoë Dodd (militante associative et spécialiste), Les Harper (artiste et défenseur de la santé des Cri·e·s des plaines), Theodore (ted) Kerr (écrivain) et Ellyn Walker (commissaire d’exposition et spécialiste). Le projet a offert un espace propice à l’expression du chagrin, à la solidarité et à la mobilisation chez les personnes touchées par la crise actuelle de surdoses et par les effets systémiques qui y sont liés, notamment la précarité, le sans-abrisme et la criminalisation. C’est un espace qui a apporté des possibilités de faire un deuil collectif tout en imaginant un avenir meilleur et en travaillant à y parvenir. En tant que mémorial public itinérant et projet axé sur la communauté, il y avait de nombreux éléments modulables à prendre en compte dans sa conception et sa mise en place. La présente publication illustre nos stratégies et décisions en vue de constituer une ressource pour les militant·e·s qui souhaiteraient répliquer le projet ou en utiliser des aspects.

Ce rapport ne prétend pas être un document d’instructions détaillées, mais plutôt une étude de cas qui peut fonctionner comme un guide itératif sur la façon dont les organismes, les militant·e·s et les groupes (dans les arts visuels et ailleurs) peuvent collaborer efficacement avec les personnes qui utilisent des drogues. Sous différents formats et styles, les contributions à cette publication s’intéressent aux pratiques de réduction des méfaits, à la collaboration avec les prestataires de services sociaux, aux façons de créer un lien avec les communautés touchées par la crise des surdoses, et aux méthodes pour utiliser l’art et la création pour en faire un outil de mémoire et de mobilisation. Pour commencer, nous présentons les paramètres du projet et le contexte local.

The solution to the toxic drug death crisis is a non-carceral future [La solution à la crise des décès dus à la contamination des drogues : un avenir sans prison] (extrait)

Zoë Dodd

Les réponses à la crise de décès dus à la contamination des drogues ont été mises à mal par les idéologies de droite et les personnes qui veulent conserver la mainmise sur les lois archaïques, violentes et oppressives qui réglementent les drogues. Il est donc nécessaire de changer les lois et les politiques relatives aux drogues pour mettre fin à cette crise qui peut être prévenue. Ainsi, tout en luttant et en travaillant pour nous sauver mutuellement, nous devons également trouver des façons d’honorer et de prendre en compte notre chagrin et nos pertes. Le chagrin et les décès peuvent conduire à davantage de disparitions : ils contribuent à des facteurs qui augmentent la vulnérabilité des personnes face à la mort. Des familles entières, des frères et sœurs, des parents ont ainsi été perdus, car insuffisamment armés pour gérer l’étreinte douloureuse de la perte qui prend alors le dessus.

L’expression publique du deuil nous aide collectivement, en tant que société, à comprendre comment nous en sommes arrivé·e·s là. Cette expression publique peut se faire sous la forme du partage de nos histoires, du deuil collectif, et d’une sensibilisation mutuelle aux causes et aux solutions. Quand nous comprenons de quelle manière le système fonctionne et opère, de quelle manière il touche différemment les groupes de personnes, cette prise de conscience devient un outil; un pouvoir dont s’emparer pour éviter davantage de disparitions.

Le fait d’investir un espace pour partager son deuil en public a eu un effet cathartique pour nombre d’entre nous qui luttons depuis longtemps pour mettre fin à la crise de décès dus à la contamination des drogues. Ces actions nous forcent à ne pas nous laisser complètement submerger par la douleur et à canaliser cette énergie vers le changement.

 

Wish You Were Here, Wish Here Was Better était une exposition artistique itinérante accompagnée d’une série d’évènements qui ont apporté un espace aux personnes touchées par la crise actuelle de surdoses. Le projet était produit par la Blackwood Gallery en soutien à la vision d’Ellyn Walker, de Zoë Dodd, de Les Harper et de Theodore (ted) Kerr.

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