La clinique SABSA fait preuve de résilience et gagne sa lutte pour demeurer ouverte!

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Après une bataille de longue haleine, la coopérative de solidarité SABSA – service à bas seuil d’accessibilité – a réussi à négocier une entente de service avec le ministère de la Santé le 20 juillet dernier pour continuer de servir les membres de la communauté de Saint-Roch et St-Sauveur à Québec.

La clinique SABSA a été ouverte en 2011 par des intervenants et infirmières œuvrant dans la lutte contre l’hépatite C et le VIH qui avaient été confrontés à l’ampleur de ces épidémies dans la communauté, ainsi qu’au manque d’accessibilité aux soins de santé pour les personnes qui en avaient le plus besoin. Son modèle de soins innovant repose, entre autres, sur le travail des infirmières praticiennes qui ont certaines responsabilités supplémentaires, ce qui permet à la clinique de fonctionner sans médecin sur place. L’accessibilité aux services sans contraintes pour les personnes vulnérables ou marginalisées, entre autres les personnes utilisatrices de drogues, est au cœur de la l’approche de SABSA. L’offre des services est guidée par une philosophie de soins à la fois humaniste et pragmatiste et dans une optique de réduction des méfaits. Grâce à l’innovation de la clinique et au dévouement de ses intervenants, la clinique a assuré l’accès au traitement hépatite C, un suivi post-traitement, ainsi que divers soins infirmiers et un soutien psychosocial à des centaines de personnes.

En mars, suite à un refus catégorique du ministre de la Santé de financer ses activités, la clinique SABSA a été forcée de fermer une partie de ses services, dont sa clinique sans rendez-vous. Le ministre a insisté pour que les patients servis par la clinique soient simplement intégrés aux services traditionnels, malgré les problèmes d’accessibilité pour les populations vulnérables et les listes d’attentes excessives. Le lancement d’une campagne de socio-financement a permis à SABSA d’amasser 250 000 $ et de mobiliser la communauté pour insister auprès du ministère sur la nécessité de la survie de la clinique pour la santé de la communauté.

En mai de cette année, CATIE a organisé un Institut d’apprentissage en marge du 3e Symposium Hépatite C de CAPAHC et du 6e Symposium sur la prise en charge clinique des hépatites virales du PNMVS. L’évènement de CATIE a rassemblé des intervenants de première ligne du Québec afin de réfléchir à l’accès aux services en hépatite C pour les communautés spécifiques (p. ex. communautés autochtones, personnes utilisatrices de drogues), et aux divers obstacles auxquels elles font face en cherchant des soins. Lors de cet évènement, l’équipe de la clinique SABSA a présenté son modèle de soins, et différentes stratégies prometteuses à mettre de l’avant dans l’organisation des services, et pour répondre véritablement aux besoins de la population.

Le modèle de soins de SABSA représente non seulement un véritable succès, mais il remet aussi en cause l’approche mise de l’avant par le ministère de la Santé, surtout depuis la réforme du système de santé de 2015, caractérisée par la centralisation, la privatisation, les coupures massives dans la santé publique, et la mise à l’écart de la prévention. Lors de leur présentation à l’évènement, la motivation dans la salle était tangible. D’avoir moi-même travaillé en santé communautaire avec des communautés marginalisées pendant des années, je n’étais pas le seul dans la salle à avoir été confronté à répétition au droit à la santé bafoué, aux incohérences du système, et à la dégradation de la santé des gens autour de moi. Ces moments de motivation sont trop rares dans le contexte actuel du système de santé au Québec.

Félicitations à l’équipe de SABSA pour avoir tenu la route, forcé le ministère à assumer ses responsabilités de répondre aux besoins de la population, et bâti un modèle qui est une source de motivation pour nous tous. En espérant que cela ouvrira la voie à une multiplication de modèles semblables, fondés eux aussi sur la proximité, l’autogestion, l’accessibilité et la solidarité.

 

Liam Michaud œuvre en première ligne dans le domaine de la réduction des méfaits depuis près de 10 ans. Avant de rejoindre les rangs de CATIE, il a travaillé pour CACTUS Montréal en tant que travailleur de rue, offrant du soutien aux personnes impliquées dans le commerce du sexe et de la drogue et défendant leurs droits. Il a aussi travaillé avec Continuité famille auprès des détenues, un organisme offrant du soutien aux femmes et aux jeunes touchés par la criminalisation et l’incarcération. Il est actif au sein de l’AQPSUD, un organisme par et pour les utilisateurs de drogues du Québec, qui lutte pour leurs droits. Liam travaille actuellement chez CATIE à titre de coordonnateur régional de l’éducation en matière de santé pour le Québec.

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