Améliorer le dépistage et les soins liés au VIH au Canada : programme J’agis et sondage Sexe au présent — programme Dépistage@domicile

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Un test d’autodépistage du VIH a été approuvé au Canada en novembre 2020, en grande partie grâce aux travaux de recherche menés par REACH Nexus, organisme faisant partie du Centre MAP pour des solutions de santé urbaine de Unity Health Toronto. Mais approbation n’est pas synonyme d’accès — la prochaine étape consiste à mettre ces tests d’autodépistage entre les mains de personnes qui sont atteintes sans le savoir d’une infection par le VIH, et de les arrimer au traitement et aux soins de suivi.

REACH et le Centre de recherche communautaire (CBRC) collaborent à deux initiatives dans ce sens : le programme de recherche J’agis sur l’autodépistage du VIH de REACH (jumelé au service de télésanté J’agis — J’échange, offert par REACH en partenariat avec le CBRC) et le programme Dépistage@domicile intégré à l’édition 2021 du sondage Sexe au présent du CBRC, financé par REACH.

Pour en savoir plus sur ces initiatives, CATIE a échangé avec le professeur Nathan Lachowsky du CBRC et le Dr Sean B. Rourke de REACH.

Quels sont les avantages offerts par l’autodépistage par rapport aux autres méthodes de dépistage?

Sean B. Rourke : Confidentiel et convivial, et offrant la possibilité de passer un test où et quand les gens le veulent et selon leurs propres termes, l’autodépistage pourrait complètement changer la donne quand il s’agit de joindre les personnes atteintes sans le savoir du VIH et de les arrimer aux soins. Bien des gens ne passent pas de tests de dépistage en raison de la stigmatisation ou des obstacles qui se dressent face à l’accès; pouvoir contrôler soi-même comment et où se fait le dépistage change tout.

Comment le CBRC a-t-il intégré l’autodépistage dans le sondage Sexe au présent?

Nathan Lachowsky : Nous menons le sondage Sexe au présent chaque année depuis 2002. Plus des trois quarts des participants à ce sondage ont mentionné qu’ils étaient disposés à essayer l’autodépistage à domicile. Le CBRC a donc collaboré avec REACH Nexus pour fournir de nouvelles options de dépistage à nos communautés d’hommes gais, bisexuels, trans, bispirituels et queers et aux personnes non binaires (GBT2Q). Dans la version pilote du sondage Sexe au présent de 2019 intégrant l’autodépistage à domicile, la vaste majorité des répondants rapportaient une expérience positive, indiquant qu’ils utiliseraient l’autodépistage à nouveau, et trouvaient cette option plus simple que de se rendre au cabinet de leur fournisseur de soins ou dans une clinique de santé sexuelle. Les résultats du sondage Sexe au présent de 2020 faisaient clairement ressortir la nécessité d’augmenter les options de dépistage, plus de la moitié des répondants rapportant des retards dans les tests de dépistage de maladies transmises sexuellement depuis le début de la pandémie de la COVID-19. En réponse à cette demande, le CBRC a lancé le programme Dépistage au présent en partenariat avec REACH Nexus, ainsi que d’autres projets innovateurs favorisant le dépistage et l’arrimage aux soins.

Qu’est-ce que le programme de recherche J’agis, et comment ce programme est-il né?

Sean B. Rourke : Le programme J’agis est un programme de recherche par lequel nous remettons gratuitement 50 000 trousses d’autodépistage du VIH et nous sondons les opinions des gens qui les utilisent de manière à pouvoir améliorer le dépistage et les soins liés au VIH au Canada. Nous y avons aussi intégré un service sécurisé de style télémédecine avec pairs navigateurs appelé J’agis — J’échange, pour que les participants puissent obtenir du soutien à l’arrimage aux soins avant, pendant et après le test, et nous avons créé un site Web riche en contenu avec des parcours de soins pour chaque région du Canada et une base de connaissances de FAQ à propos de l’autodépistage du VIH.

Notre objectif chez REACH Nexus est d’éliminer le VIH et la stigmatisation liée au VIH au Canada. (Nous avons créé l’initiative L’effet positif pour lutter contre la stigmatisation.) Avec le programme J’agis, notre mission est de fournir à tous ceux qui en ont besoin — peu importe où ils vivent au Canada ou qui ils sont — un accès au dépistage du VIH et aux soins, et nous croyons que la réalisation de cet objectif passe principalement par l’autodépistage du VIH.

Pourquoi certaines populations seraient-elles mieux servies par l’autodépistage du VIH?

Nathan Lachowsky : Le VIH a toujours fait ressortir les inégalités. Depuis le début de la pandémie du sida, des facteurs sociaux et structurels ont contribué à ce que certains groupes soient plus ou moins affectés par le VIH, et ont influé sur notre impact. Malheureusement, ce ne sont pas toutes les communautés et personnes susceptibles de contracter le VIH qui sont bien servies par les services de dépistage actuels. D’abord et avant tout, on note de nombreuses lacunes dans les options et services de dépistage offerts dans les diverses régions géographiques du Canada. Par exemple, à certains endroits, les gens n’ont accès à aucun type de test rapide. De plus, des inquiétudes quant au respect de la confidentialité et de l’anonymat de certaines options de dépistage persistent dans certaines communautés. Ces tests d’autodépistage du VIH offrent une solution en aval à plusieurs de ces problèmes. Ces nouvelles études sont importantes pour nous permettre de comprendre qui utilisera l’autodépistage du VIH et quelle est leur expérience avec ces tests, afin que nous puissions garantir un bienfait maximal et équitable de ces innovations en matière de dépistage.

Après que quelqu’un a passé un test d’autodépistage, comment peut-il être arrimé à un traitement ou à des soins, ou à des services de prévention et de dépistage continu au besoin?

Sean B. Rourke : La chose la plus importante à savoir, c’est qu’il existe des services pouvant appuyer quiconque en a besoin et les mettre en contact avec une communauté, que ce soit pour répondre à des questions au sujet du dépistage ou pour offrir du soutien et des soins en fonction des résultats. Si vous êtes prêt·e à connaître votre statut, vous n’êtes pas obligé·e de traverser ces étapes seul·e. Il est toujours possible de consulter son fournisseur de soins ou l’organisme de services de lutte contre le VIH de sa région; on peut aussi consulter nos parcours de soins par province et territoire sur le site Web de J’agis pour voir quels services sont offerts dans sa région. Si quelqu’un passe un test d’autodépistage par l’entremise du programme de recherche J’agis et qu’il ou elle est un·e participant·e à ce programme, nos pairs navigateurs du service J’agis — J’échange sont là pour l’aider à s’arrimer aux soins. Et si vous songez à devenir un·e participant·e mais ne vous êtes pas encore inscrit·e, ces pairs navigateurs peuvent répondre à vos questions au sujet du programme J’agis.
 

Le Dr Sean B. Rourke est neuropsychologue clinique et chercheur au Centre MAP pour des solutions de santé urbaine de l’hôpital St. Michael’s, Unity Health Toronto, et professeur de psychiatrie à l’Université de Toronto. Il est un expert de renommée internationale dans les complications neurocomportementales du VIH. Il est également directeur de deux centres nationaux financés par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) : le REACH Nexus et le Centre de collaboration de recherche communautaire sur le VIH/sida; ces deux initiatives sont axées sur la recherche de solutions pragmatiques pour l’élimination du VIH et des autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) au Canada. 

Le professeur Nathan Lachowsky est professeur agrégé de la Faculté de santé publique et de politiques sociales de l’Université de Victoria, directeur de la recherche du CBRC et chercheur de la Michael Smith Foundation for Health Research. Privilégiant les approches interdisciplinaires et communautaires, il a mené des recherches sur la santé des populations auprès des communautés minorisées par leur identité sexuelle ou de genre, en particulier auprès des communautés d’hommes gais, bisexuels et queers — y compris les Autochtones bispirituels, les personnes ethnoracialisées et les personnes trans et non binaires — au Canada et en Aotearoa/Nouvelle-Zélande.

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