Le top 10 des nouvelles de 2019 en matière de VIH et d’hépatite C
En 2019, nous avons assisté à des avancées importantes dans la prévention, le diagnostic et le traitement du VIH et de l’hépatite C. Nous avons participé au lancement d’un modèle directeur pour l’élimination de l’hépatite C au Canada, et nous avons été témoins d’innovations dans les approches de prévention et de dépistage du VIH, d’une augmentation des cas de guérison de l’hépatite C, et du « patient de Londres », la deuxième personne chez qui on a rapporté la rémission d’une infection par le VIH après l’arrêt du traitement antirétroviral.
Nous avons également essuyé des revers. Nous continuons d’être confrontés à une crise dévastatrice de surdoses d’opioïdes causée par la contamination de drogues, qui a coûté la vie à plus de 2 000 Canadiens au cours des six premiers mois de l’année seulement. En tant que partenaires dans la réponse du Canada au VIH et à l’hépatite C, nous offrons nos sincères condoléances à nos collègues qui ont perdu des amis, des utilisateurs de services, des collègues et des êtres chers.
Grâce aux techniques de la recherche et aux moyens en matière de politique à notre disposition, chacun de ces décès peut être évité. Mais nous ne pouvons y parvenir qu’en mettant la science en pratique et au service des politiques. Ensemble, nous pouvons faire de 2020 l’année où le Canada s’engage sur la voie de l’élimination du VIH et de l’hépatite C et de la résolution de la crise des opioïdes au Canada. Joignez-vous à nous.
10. Une solution de rechange à la PrEP dans les cas d’expositions peu fréquentes au VIH
La prophylaxie pré-exposition (PrEP) est une méthode très efficace de prévention du VIH qui consiste en ce qu’une personne séronégative prenne un médicament de manière continue pour prévenir l’infection par le VIH. Santé Canada a approuvé la PrEP quotidienne, et les médecins peuvent prescrire différents traitements « sur demande » dont le dosage est moins fréquent. Néanmoins, même les traitements de PrEP sur demande peuvent être contraignants pour les personnes dont les expositions au VIH sont peu fréquentes ou imprévues.
Une solution de rechange à la PrEP est la prophylaxie post-exposition (PPE), un traitement plus puissant qui s’administre après une exposition potentielle au VIH pendant 28 jours. Les personnes dont les expositions au VIH sont peu fréquentes ou imprévues auront tendance à avoir une préférence pour la PPE. Par contre, il faut impérativement que le traitement soit initié dès que possible dans les 72 heures suivant l’exposition, ce qui exige l’accès à des soins d’urgence. Afin de minimiser le délai entre l’exposition et l’amorce du traitement, des chercheurs du VIH de Toronto ont créé une stratégie, la « PPE dans la poche », qui offre des prescriptions à l’avance aux personnes ayant des expositions au VIH peu fréquentes mais à risque élevé.
9. Constat de goulets d’étranglement dans le parcours de l’hépatite C, du diagnostic à la guérison
Bien qu’une guérison de l’hépatite C soit possible, plus de 220 000 Canadiens vivent encore avec le virus. Nombre d’entre eux ne sont pas diagnostiqués, tandis que d’autres n’ont pas entamé le traitement ou ne l’ont pas terminé. Il est indispensable de disposer d’estimations exactes des progrès cliniques des personnes vivant avec l’hépatite C pour être en mesure de déterminer les goulets d’étranglement et les priorités au sein du système de santé. Une « cascade des soins » est un instrument qui sert à voir où en sont les patients dans le parcours du diagnostic à la guérison.
La Colombie-Britannique continue de montrer l’exemple lorsqu’il s’agit d’organiser sa cascade des soins de l’hépatite C, et cette année des progrès ont été réalisés au chapitre du diagnostic et de la guérison des personnes vivant avec l’hépatite C. Un délai persiste malgré tout avant l’amorce du traitement, et seulement 61 pour cent de ceux qui ont terminé le test du génotype (le stade final du diagnostic) avaient commencé les médicaments. Cette année, l’Alberta est devenue la deuxième province à publier sa cascade des soins, et a révélé que seulement 3,4 pour cent des patients ayant reçu un diagnostic d’hépatite C avaient obtenu une guérison dans les deux ans suivant le diagnostic.
8. La résistance aux médicaments de la PrEP est considérée rare au Canada
Prise chaque jour, la PrEP prévient très efficacement le VIH. Il est extrêmement rare qu’une infection par le VIH survienne quand la PrEP est prise telle que prescrite; il n’y a que quelques cas d’infection bien documentés dans le monde entier. Dans ces rares occasions, presque toutes les infections se sont produites à cause d’une souche du VIH qui était résistante à l’un ou aux deux médicaments contenus dans la PrEP — le ténofovir ou l’emtricitabine.
Les chercheurs ont analysé la prévalence de la résistance aux médicaments avant le début du traitement et l’incidence de celle-ci après le début du traitement dans une étude menée auprès de 6 622 personnes vivant avec le VIH au Canada. Ils ont observé que la résistance au ténofovir et à l’emtricitabine était rare au Canada, ce qui est propre à rassurer les personnes qui utilisent la PrEP comme stratégie de prévention du VIH.
7. Les chercheurs déploient un modèle directeur pour éliminer l’hépatite C au Canada
Le Canada s’est engagé à éliminer la menace de santé publique qu’est l’hépatite C d’ici 2030. Mais l’élimination exigera davantage qu’un engagement. La prévention, le dépistage et le traitement sont des responsabilités réparties dans différents ordres de gouvernement, et il y a diverses approches parmi lesquelles choisir. Pour faciliter la tâche aux décideurs, une coalition de chercheurs, de cliniciens et de groupes communautaires, sous l’égide du Réseau canadien sur l’hépatite C (CanHepC), a publié un « modèle directeur » présentant les options de politiques afin de permettre au Canada de réaliser l’élimination.
Le modèle directeur affiche déjà des résultats, car plusieurs provinces s’affairent maintenant à élaborer des plans d’élimination.
6. Première bithérapie approuvée au Canada pour les personnes ayant un diagnostic récent de VIH
Depuis le développement de la thérapie antirétrovirale très active en 1996, la majorité des régimes de traitement du VIH consistaient en trois ou quatre médicaments, et parfois en un seul comprimé. Étant donné que les gens vivent avec le VIH plus longtemps que jamais auparavant, ils prennent aussi plus de médicaments au cours de leur vie. Les chercheurs explorent donc des façons de réduire les effets secondaires à long terme en diminuant le nombre de médicaments d’un régime de traitement du VIH.
Cela est devenu réalité en 2018, quand Santé Canada a approuvé un régime de bithérapie pour les personnes déjà traitées qui avaient déjà atteint la suppression virale. Cette année, une autre bithérapie a été approuvée pour le traitement du VIH et elle peut aussi servir au traitement initial de l’infection par le VIH. Cela signifie qu’une personne peut désormais commencer un régime de bithérapie du VIH dès le diagnostic, avec la même efficacité qu’une trithérapie.
5. Alors que moins de Canadiens meurent de l’hépatite C, un plus grand nombre meurt de surdoses
Comme les traitements actuels de l’hépatite C guérissent l’infection chez plus de 95 pour cent des personnes, les taux de mortalité liée au foie ont chuté dans cette population. Cela dit, les chercheurs de la Colombie-Britannique ont observé simultanément une augmentation des décès liés aux surdoses chez les personnes qui avaient eu l’hépatite C.
D’après une analyse de l’information liée à la santé de 1,3 million de personnes qui avaient subi un dépistage de l’hépatite C dans la province, l’étude a révélé que les gens vivant avec l’hépatite C mouraient environ 18 ans prématurément. Malgré la baisse de la mortalité liée au foie, les décès liés à l’injection de drogues ont augmenté. Ces résultats ont souligné l’importance d’aborder la santé des consommateurs de drogues dans une vue d’ensemble, et de considérer l’hépatite C comme une des nombreuses priorités de santé pour cette population.
4. Progrès dans l’innovation du dépistage du VIH au Canada
Santé Canada a approuvé un usage élargi du test rapide INSTI des anticorps du VIH au point de service, et éliminé l’obstacle réglementaire afin que le test soit utilisé par un ensemble plus large de fournisseurs de services dans une plus grande variété de contextes. La technologie d’origine canadienne sert à l’heure actuelle à produire des résultats rapides des tests du VIH dans des cliniques du pays, et ce changement permettrait que le test soit utilisé par du personnel non clinique, comme des conseillers et des pairs testeurs, et dans des milieux non cliniques comme des interventions de proximité. L’étape suivante consiste à mettre à jour les politiques de santé provinciales et à les aligner avec cette nouvelle utilisation autorisée de la technologie.
L’autodépistage est aussi plus près de se concrétiser au Canada, car les chercheurs ont entrepris une vaste étude nationale afin d’évaluer la faisabilité et l’acceptabilité de cette approche. L’étude a inscrit 1 000 participants venant des principales populations touchées par le VIH au Canada, et les résultats serviront à soutenir une application qui sera soumise à l’approbation de l’autodépistage par Santé Canada. Soixante-dix-sept pays disposent déjà de politiques autorisant l’autodépistage du VIH.
3. Des programmes d’approvisionnement plus sécuritaire semblent être une priorité de la réponse aux surdoses
Des sites de prévention des surdoses et de consommation supervisée ont surgi un peu partout au pays en réponse à une épidémie de surdoses d’opioïdes, qui a fauché près de 13 000 vies au Canada entre 2016 et mars 2019. Bien que ces sites arrivent efficacement à renverser les effets de la surdose et à relier les gens aux services de santé, des organisations mènent des programmes qui s’attaquent aussi aux causes profondes de la crise — un approvisionnement en drogues contaminées.
Les programmes « d’approvisionnement plus sécuritaire » visent à prévenir les surdoses en offrant aux personnes dépendantes des opioïdes une dose prescrite d’opioïde pharmaceutique, avec l’assurance qu’elle soit exempte de contaminants comme le fentanyl. L’approche a bien fonctionné dans plusieurs pays d’Europe et dans deux essais de recherche canadiens novateurs. Divers modèles de programmes d’approvisionnement plus sécuritaire ont été mis en œuvre en Colombie-Britannique et en Ontario, pour faire en sorte que les personnes dépendantes des opioïdes ne se fient plus au marché illicite contaminé, ce qui par conséquent prévient les surdoses accidentelles et sauve des vies.
2. Le gouvernement du Canada lance un plan d’action sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang
Plus de 15 ans après la dernière stratégie du Canada en matière de VIH/sida, le gouvernement du Canada a publié un nouveau plan d’action portant sur les infections transmissibles sexuellement et par le sang. Le nouveau plan d’action met l’accent sur la prévention, l’amélioration de l’accès au dépistage et au traitement, et la réduction de la stigmatisation et de la discrimination.
Comme l’échéancier de l’an prochain approche pour les cibles de l’élimination mondiale du VIH et de l’hépatite C, le gouvernement fédéral a réitéré son engagement à ces objectifs dans son plan d’action, et promis de mettre au point des « cibles et indicateurs spécifiques au Canada ».
1. Deuxième personne ayant atteint une rémission du VIH
Après avoir suivi une procédure semblable à celle qui a guéri Timothy Brown du VIH en 2008, des chercheurs de Londres ont annoncé cette année que « le patient de Londres » a maintenu une rémission à long terme du VIH après cessation du traitement.
La procédure, qui comportait la transplantation des cellules souches d’un donneur porteur d’une mutation génétique résistante au VIH, est trop coûteuse, médicalement complexe et risquée pour être un traitement applicable à grande échelle. Cependant, les leçons tirées de ces cas éclaireront les tentatives continues d’affiner et d’essayer des stratégies qui cherchent à atteindre une guérison du VIH.