« Non protégée » ou « sans condom » : mettre à niveau notre terminologie du VIH

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Comment appelle-t-on une relation sexuelle où l’on n’utilise pas de condom? Diriez-vous « non protégée »?

Il y a quelques années seulement, vous auriez eu raison. Mais un consensus grandissant parmi les experts de la prévention du VIH tend à s’écarter de cette terminologie au profit d’une expression plus exacte et plus simple : « relation sexuelle sans condom ».

Pourquoi? Notre compréhension de la transmission et de la prévention du VIH a évolué considérablement, depuis une décennie, et des expressions et mots nouveaux sont apparus, comme « prophylaxie pré- et post-exposition » (PrEP ou PPrE et PPE), « charge virale indétectable » et « traitement comme outil de prévention ».

Parallèlement, certains termes que nous utilisions depuis des décennies commencent à prendre un nouveau sens ou à devenir inexacts.

Par conséquent, notre langage doit suivre le rythme de l’évolution de la science de la prévention du VIH.

Relation sexuelle sans condom

Avec l’émergence de nouvelles stratégies de prévention du VIH très efficaces, comme le traitement comme outil de prévention et la PrEP, le condom n’est plus la seule méthode de « protection » contre la transmission du VIH. Par conséquent, l’expression « non protégée », pour désigner l’absence du port du condom, est à présent inexacte et erronée. Récemment, en réponse à des demandes de la communauté du VIH, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis ont convenu d’abandonner l’expression « relation sexuelle non protégée », dans ce contexte, au profit de termes plus explicites comme « relation sexuelle sans condom ». Cette expression est non seulement plus exacte et plus simple, mais également moins propice aux mauvaises interprétations. Le terme « sécurisexe » est également en crise d’identité; en Australie, un organisme pour la santé des hommes gais a récemment publié un exposé de principe visant à le redéfinir.

« Indétectable » remplace-t-il « négatif »?

Les définitions des pratiques qui comportent (ou non) des risques sont elles aussi en voie d’être renversées. On considérait depuis longtemps qu’un des scénarios les plus « à risque » pour la transmission du VIH était celui d’une relation entre une personne séronégative au VIH et une personne séropositive connaissant son statut. De fait, au début de l’épidémie, une grande partie des messages de prévention mettait en garde les clients contre de telles relations et les encourageait à s’assurer que leurs partenaires aient le même statut VIH qu’eux. Aujourd’hui, des membres de la communauté et des intervenants du domaine du VIH suggèrent que la stratégie inverse pourrait être plus efficace, pour prévenir le VIH (c’est-à-dire que, dans certaines situations, il pourrait être moins risqué pour une personne séronégative au VIH de s’assurer que son partenaire est séropositif – une nouvelle forme de « sérotriage »). L’assurance de la séropositivité au VIH d’un partenaire pourrait réduire les incertitudes liées au statut VIH et à la charge virale. Une personne séropositive au VIH qui est au courant de son statut, qui suit un traitement efficace et qui a une charge virale indétectable est beaucoup moins susceptible de transmettre le virus qu’une personne qui se croit séronégative, mais qui est en réalité séropositive et a une charge virale élevée. Ces messages doivent certes être présentés avec prudence et combinés à des renseignements supplémentaires sur l’utilisation adéquate de cette approche, mais ils peuvent contribuer à réduire la stigmatisation liée au VIH et à éliminer certains obstacles associés à la formation de couples sérodifférents.

« Risque » de transmission

Même si je suis coupable de l’avoir utilisé à quelques reprises dans ce blogue, le mot « risque » est lui aussi réexaminé. Sa connotation négative inhérente peut orienter les discussions au sujet des relations sexuelles plus sécuritaires sur les conséquences des comportements, plutôt que sur certaines raisons de leur existence, comme le plaisir. L’adoption d’une approche positive à la sexualité ainsi que l’exploration et la validation des motivations à avoir des comportements « à risque pour le VIH » sont importantes pour la prestation d’un counseling efficace pour prévenir le VIH. Dans plusieurs cas, des mots plus neutres (comme « chance » ou « probabilité ») peuvent remplacer « risque » (p. ex., « forte probabilité » de transmission du VIH). Cela peut aider à éviter que des clients se ferment à cause de la peur, de l’anxiété, de la culpabilité et de la honte liées à leurs comportements, et à favoriser des discussions plus utiles, sur la santé sexuelle et la prévention du VIH.

James Wilton travaille depuis plus de cinq ans comme coordonnateur de la prévention du VIH par la science biomédicale chez CATIE; il se concentre sur les implications des nouvelles recherches biomédicales pour la prévention du VIH. Il termine une maîtrise en santé publique avec spécialisation en épidémiologie de l’Université de Toronto et détient un baccalauréat en microbiologie et immunologie de l’Université de la Colombie-Britannique.

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