Estimation du nombre de personnes au Canada qui s’injectent des drogues
Les personnes qui s’injectent des drogues qui ne leur sont pas prescrites rencontrent souvent des défis de santé complexes et ont du mal à accéder aux soins de santé. Pour nous assurer que nous pouvons fournir les services et les ressources qui soutiennent mieux cette communauté, nous devons d’abord savoir quelle est la taille de la communauté et où elle vit.
C’est pourquoi l’Agence de santé publique du Canada a créé le rapport, Estimation de la taille de la population des personnes qui s’injectent des drogues au Canada, qui estime, en 2021 :
- Combien de personnes ont injecté des drogues récemment (au cours des 12 derniers mois, ventilées par sexe assigné à la naissance)
- Combien de personnes ont déjà injecté des drogues (ventilées par sexe assigné à la naissance et région géographique)
Le processus de création de ces estimations a impliqué plusieurs étapes, alors examinons-les plus en détail.
Comment nous estimons le nombre de personnes qui s’injectent des drogues
Étape 1 : Nous avons commencé par sélectionner un échantillon de personnes qui représentait la population canadienne. Dans ce cas, nous avons utilisé l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de Statistique Canada comme notre échantillon. L’ESCC est une enquête nationale qui recueille des informations liées à la santé d’un groupe de personnes représentant environ 97 % de la population canadienne.
Étape 2 : En utilisant les informations de l’ESCC, nous avons appris combien de personnes dans l’échantillon avaient de l’expérience avec l’injection de drogues. Nous avons également recueilli d’autres informations sur l’échantillon, comme leur sexe et où ils vivent. Avec ces données, nous avons calculé quel pourcentage de l’échantillon a) avait récemment injecté des drogues, et b) avait déjà injecté des drogues.
Étape 3 : Pour appliquer ces résultats à l’ensemble de la population, nous avons multiplié le pourcentage de l’échantillon ayant de l’expérience en matière d’injection de drogues par le nombre total de personnes dans la population. Nous connaissions la population totale en nous référant aux estimations de la taille de la population nationale de Statistique Canada pour 2021.
Étape 4 : Puisque l’ESCC ne représente pas tout le monde au Canada, nous avons utilisé une approche similaire pour estimer l’utilisation de drogues par injection parmi les groupes non inclus dans l’ESCC — spécifiquement :
- Peuples des Premières Nations vivant dans une communauté des Premières Nations ;
- Personnes incarcérées ;
- Personnel militaire actif ; et
- Les personnes en situation d’itinérance ou de logement instable.
Pour estimer l’utilisation de drogues par injection pour chacun des trois premiers groupes, nous avons répété les étapes 1 à 3 avec chaque population. Nous avons utilisé des sources de données comme indiqué ci-dessous pour identifier nos échantillons :
| Population | Source de l’échantillon | Taille de la population Source |
| Les peuples des Premières Nations vivant dans les collectivités des Premières Nations | L’ASPC : Enquête de surveillance Track | Statistique Canada : Recensement de la population |
| Personnes incarcérées | Service correctionnel Canada : Prévalence de l’utilisation de drogues par injection chez les délinquants masculins et Service correctionnel Canada : État de santé physique autoévalué des femmes délinquantes condamnées au fédéral entrant | Statistique Canada : Estimation de la taille de la population des personnes incarcérées dans les prisons fédérales |
| Personnel militaire actif | Statistique Canada : ESCC* * Les données sur l’utilisation de drogues injectables dans l’armée n’étaient pas disponibles. Au lieu de cela, nous avons supposé que l’utilisation de drogues par injection parmi le personnel militaire actif se produisait au même taux que dans la population générale. Cela signifiait que nous pouvions utiliser la proportion calculée à l’étape 1 et l’appliquer à ce groupe de personnes. | Forces armées canadiennes : Estimation de la taille de la population des membres de la Force régulière |
Les données n’étaient pas directement disponibles pour le quatrième groupe, les personnes vivant sans-abri ou dans un logement instable. Au lieu de cela, nous avons utilisé un échantillon de personnes qui s’injectent des drogues provenant de l’enquête de veille scientifique Track. Nous avons appris quel pourcentage de cet échantillon avait signalé un logement instable. Ensuite, nous avons multiplié cette quantité par le nombre estimé de personnes qui s’injectent des drogues dans la population générale. Cela nous a donné un nombre estimé de personnes qui ont injecté des drogues et qui ont connu l’itinérance ou un logement instable.
Étape 5 : Une fois que nous avons eu des estimations pour la population générale et les groupes supplémentaires, nous les avons additionnées pour obtenir une estimation globale du nombre de personnes qui s’injectent des drogues au Canada.
Étape 6 : Les gens peuvent ne pas se sentir à l’aise de signaler l’usage de drogues dans une enquête gouvernementale en raison de la peur du jugement, des problèmes juridiques ou de la stigmatisation. Cela signifie que les estimations pourraient être inférieures au nombre réel. Nous avons examiné des recherches qui ont comparé les taux d’utilisation de drogues par injection autodéclarée aux résultats des tests de laboratoire. Cela nous a aidés à déterminer combien de sous-déclarations pouvaient avoir lieu, et nous avons utilisé cela pour ajuster les estimations.
De plus, les estimations initiales regroupaient les personnes qui s’injectent uniquement des stéroïdes avec celles qui s’injectent d’autres drogues. Nous savons qu’il existe d’importantes différences dans le mode de vie et les pratiques d’injection entre les deux groupes. Pour fournir une image plus complète de l’utilisation de drogues par injection, les estimations finales montrent des décomptes avec et sans les personnes qui consomment uniquement des stéroïdes par injection.
Résultats
Combien de personnes ont récemment injecté des drogues
Nous estimons qu’en 2021, 100 300 personnes avaient récemment consommé des drogues par injection. Après avoir retiré les personnes qui s’injectent uniquement des stéroïdes, nous estimons que 99 700 personnes ont récemment injecté des drogues.
Réparti par sexe, nous estimons qu’au Canada :
| Population totale | Hommes | Femmes |
| 100 300 personnes avaient récemment consommé des drogues par injection. | 3 personnes sur 4 qui avaient récemment injecté des drogues étaient des hommes. | 1 personne sur 4 ayant récemment injecté des drogues était une femme. |
| 0,31 % de la population totale a récemment consommé des drogues injectables. | 0,47 % de la population masculine totale a récemment consommé des drogues par injection. | 0,16 % de la population féminine totale a récemment consommé des drogues par injection. |
| 1 personne sur 320 a récemment consommé des drogues par injection. | 1 homme sur 213 a récemment injecté des drogues. | 1 femme sur 625 a récemment injecté des drogues. |
Combien de personnes ont déjà injecté des drogues
Nous estimons qu’en 2021, 388 400 personnes avaient déjà injecté des drogues. Après avoir retiré les personnes qui s’injectent uniquement des stéroïdes, 350 200 personnes ont déjà injecté des drogues.
Réparti par sexe, nous estimons qu’au Canada :
| Population totale | Hommes | Femmes |
| 388 400 personnes ont déjà injecté des drogues. | 3 personnes sur 4 qui ont déjà injecté des drogues étaient des hommes. | 1 personne sur 4 ayant déjà injecté des drogues était une femme. |
| 1,22 % de la population totale a déjà injecté des drogues. | 1,84 % de la population masculine totale a déjà injecté des drogues. | 0,61 % de la population féminine totale a déjà injecté des drogues. |
| 1 personne sur 82 a déjà injecté des drogues. | 1 homme sur 54 a déjà injecté des drogues. | 1 femme sur 164 a déjà injecté des drogues. |
Nous avons également décomposé l’estimation par région :
| Région | Le nombre de personnes | Pourcentage de la population totale |
| Territoires (YK, NU, TNO) | 2 400 | 2,47 % |
| Saskatchewan | 21 600 | 2,19 % |
| Manitoba | 22 400 | 1,93 % |
| Colombie-Britannique | 74 800 | 1,68 % |
| Alberta | 48 200 | 1,33 % |
| Québec | 75 300 | 1,04 % |
| Ontario | 124 300 | 1,00 % |
| Atlantique (N.-É., N.-B., Î.-P.-É., T.-N.) | 19 300 | 0,92 % |
Détails supplémentaires
Précision
Dans le rapport complet, les estimations seront présentées comme ceci : 388 400 (338 900 – 436 500). Les chiffres entre parenthèses représentent ce que nous appelons une « aire de distribution géographique plausible ». Étant donné que les données peuvent ne pas être parfaitement précises, nous utilisons cette aire de distribution géographique pour montrer la variation possible dans l’estimation.
Aire de distribution géographique
Pour qu’un échantillon soit représentatif, il doit être suffisamment grand pour capturer la véritable diversité de la population. Cependant, dans certaines provinces, la taille de l’échantillon que nous avions était trop petite pour faire une estimation précise à elle seule. Dans ces cas, ces échantillons plus petits ont été combinés avec des provinces voisines pour créer des régions géographiques plus grandes.
Limites
Comme pour toutes les recherches, le processus que nous avons utilisé pour calculer ces estimations n’est pas parfait. Nous avons utilisé les meilleures données disponibles, mais il y avait encore des lacunes dans ce que nous savions. Dans ces cas, nous avons dû faire certaines hypothèses pour combler les lacunes, ce qui signifie que les estimations peuvent ne pas être parfaitement précises. Alors que nous continuons à améliorer notre façon de collecter des données, nous pourrons ajuster notre approche et rendre les estimations futures plus précises.