Le rassemblement du Waniska

• 

Un évènement porteur de pouvoir s’est tenu les 6 et 7 juin 2023 sur les terres du Traité 6 et de la patrie des Métis, à Wanuskewin, site sacré et lieu de convergence situé dans ce qu’on appelle aujourd’hui Saskatoon. Il a laissé un impact durable sur les participant·e·s et a nourri l’espoir pour la santé autochtone. Le rassemblement du Waniska, d’une durée de deux jours, a abordé des enjeux cruciaux comme la santé autochtone, le VIH, l’hépatite C et les autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS). Il était organisé par le Waniska, un centre de recherche dirigé par des Autochtones et axé sur la Saskatchewan et le Manitoba. Avant le début de l’évènement, on a convié la communauté et les invité·e·s à une fête d’ouverture – repas et célébration traditionnels, suivis de spectacles de danse traditionnelle présentés par des élèves du secondaire, puis de chanteur·euse·s et de joueur·euse·s de tambour de la communauté, tous et toutes plein·e·s de talent. Une danse en cercle a ensuite permis de faire participer tout le monde et de favoriser les rapprochements.

La santé autochtone : une priorité pour aller de l’avant

La santé des populations autochtones reste une préoccupation majeure au Canada, où des épreuves systémiques par le passé et actuellement ont affecté les communautés autochtones de manière disproportionnée. Le rassemblement du Waniska a été l’occasion d’aborder ces questions de front et d’entamer des conversations sur l’amélioration des résultats de santé avec, par et pour les peuples autochtones. L’évènement visait à créer un espace bienveillant propice au dialogue et à la collaboration en plaçant les modes de vie autochtones au premier plan.

VIH, hépatite C et autres ITSS : briser le silence

Le rassemblement a permis de mettre en lumière des problèmes urgents liés au VIH, à l’hépatite C et aux autres ITSS qui touchent de manière disproportionnée les populations autochtones. De nombreuses communautés autochtones ont donné la priorité à la prévention et aux soins en matière d’ITSS ainsi qu’à la santé mentale et à sortir de la dépendance à certaines substances. Le rassemblement a permis aux professionnel·le·s de la santé, aux chercheur·euse·s et aux membres des communautés qui étaient présents de discuter de stratégies novatrices de prévention, de traitement et de soutien qui sont respectueuses et adaptées culturellement.

Surmonter les défis en matière de santé et renforcer la résilience

Au fil des séances d’information et des discussions centrées en priorité sur le bien-être autochtone, les participant·e·s ont exploré les approches autochtones élémentaires. Ils/elles ont été invité·e·s à reprendre contact avec la sagesse ancestrale et à promouvoir la résilience de la communauté face aux inégalités en matière de santé.

Discussions d’expert·e·s sur la recherche lente et sensible aux traumatismes

L’un des points forts du rassemblement a été la tenue de tables rondes sur la recherche lente et la recherche qui tient compte des traumatismes. Les discussions ont permis aux chercheur·euse·s, aux professionnel·le·s de la santé et aux membres de la communauté d’examiner en détail les méthodologies qui mettent l’accent sur la sécurisation culturelle et l’engagement communautaire ainsi que des approches centrées sur la guérison. En soulignant ces principes, le rassemblement visait à aborder les traumatismes historiques et à démanteler les déséquilibres de pouvoir dans la recherche, afin d’évoluer vers des pratiques plus équitables dans les soins de santé.

La résilience de la communauté : renforcer les liens

Au-delà des questions de santé, le rassemblement du Waniska a permis aux participant·e·s de faire l’expérience de la résilience communautaire et du pouvoir des pratiques culturelles dans la promotion du bien-être. La narration de récits, la réflexion dans une approche misant sur l’art et d’autres activités culturelles qui faisaient partie intégrante du rassemblement ont favorisé l’ancrage et le sentiment d’appartenance chez les participant·e·s. En renforçant les liens avec les traditions autochtones, l’initiative a contribué à l’atteinte de la guérison et de la résilience des individus et des communautés.

Faire tomber la stigmatisation et favoriser le soutien

La stigmatisation reste un obstacle important à l’accès aux soins de santé et au soutien pour les personnes touchées par le VIH, l’hépatite C et d’autres ITSS. Le rassemblement a joué un rôle crucial dans la lutte contre cette stigmatisation en promouvant le transfert de connaissances et la compréhension. Par des discussions ouvertes, des exposés et des témoignages personnels, le rassemblement a cherché à démanteler des stéréotypes nuisibles et à établir un climat habilitant. Il a encouragé les services sociaux et de santé à mettre en œuvre des pratiques judicieuses afin que les personnes puissent demander de l’aide sans craindre d’être jugées.

Explorer la santé des personnes bispirituelles : perspectives de la Dre Alex Wilson

Au programme de l’évènement, figurait également une séance extraordinaire sur la santé des personnes bispirituelles, animée par la très estimée Dre Alex Wilson. La présentation de la Dre Wilson a mis en lumière les besoins des personnes bispirituelles en matière de bien-être, leurs dons uniques, ainsi que l’importance de se réapproprier les connaissances et pratiques traditionnelles. En célébrant les identités bispirituelles, le rassemblement a cherché à créer des espaces inclusifs où tou·te·s les membres et l’ensemble de la communauté peuvent s’épanouir.

Guérir grâce à la musique : le lien étroit que préconise Sherryl Sewepagaham

Sherryl Sewepagaham, artiste de renom et leader communautaire, a partagé ses points de vue remarquables sur le pouvoir de guérison de la musique traditionnelle. Sa présentation a mis en évidence le lien profond qui existe entre la musique, la culture et le bien-être. En y intégrant des mélodies et des rythmes traditionnels, Sherryl a montré comment la musique peut être un outil de guérison, d’autonomisation et de résilience au sein des communautés autochtones.

Renouer avec la terre : le centre de naissance de Sturgeon Lake

Des représentant·e·s du Sturgeon Lake Birthing Centre ont honoré de leur présence le rassemblement Waniska, rappelant aux participant·e·s le lien vital entre les peuples autochtones et leurs terres ancestrales. Leur présentation a souligné l’importance d’une réappropriation des pratiques d’accouchement traditionnelles, enracinées dans la terre et les traditions culturelles. En associant l’expérience de l’accouchement aux systèmes de connaissances autochtones, le Sturgeon Lake Birthing Centre met en relief l’importance d’honorer la terre et de revitaliser les liens communautaires par des moyens véritablement transformateurs. Cette initiative a un impact intergénérationnel – elle entoure les bébés d’enseignements et de pratiques propres à la nation, ce qui soutient également les parents et la famille élargie des enfants.

Regarder devant : maintenir l’élan

Les bienfaits du rassemblement perdurent au-delà de ses deux jours. L’évènement a catalysé des collaborations, des initiatives et des partenariats continus afin d’améliorer les résultats en matière de santé autochtone et de lutter contre le VIH, l’hépatite C et les autres ITSS. Il a contribué à rehausser l’importance des solutions communautaires, de la résilience culturelle et des approches sensibles aux traumatismes, dans la recherche de soins de santé équitables et inclusifs. Le rassemblement a célébré l’unité, l’autonomisation et la force des communautés autochtones. Les participant·e·s ont été encouragé·e·s à partager leurs histoires, leur sagesse et leurs expériences vécues, ce qui a renforcé le sentiment d’appartenance et de soutien mutuel. Le rassemblement a illustré le pouvoir de l’action collective et le potentiel de changement positif lorsque les communautés se réunissent pour remédier aux questions de santé urgentes.

 

La Dre Alexandra King est membre de la Première Nation Nipissing (Ontario). Elle est titulaire de la chaire Cameco en santé et mieux-être autochtones à l’Université de la Saskatchewan et codirige Pewaseskwan (le groupe de recherche en bien-être autochtone). Elle est interniste à la Saskatchewan Health Authority. Elle aide les communautés autochtones à améliorer leurs résultats en matière de santé et de bien-être, en apportant un leadership en matière de recherche et de soins respectueux et adaptés culturellement.

Alexandra participe à de nombreuses initiatives, dont l’Association canadienne de recherche sur le VIH, le Réseau canadien sur l’Hépatite C, le Conseil consultatif de l’Institut de la santé circulatoire et respiratoire des Instituts de recherche en santé du Canada, de même que Mitewekan (mot cri qui signifie « l’esprit derrière le battement de cœur »), qui est le principal partenaire autochtone du Cardiovascular Network of Canada, de l’Alliance canadienne pour la fonction cardiaque et d’Interconnectome Cœur-Cerveau.

À la Faculté de médecine de l’Université de la Saskatchewan, elle est une porte-flambeau en matière de sexe et de genre, et a soutenu la création du Département de la santé et du bien-être autochtones.

Elle supervise des étudiant·e·s de troisième cycle à l’Université Simon Fraser et à l’Université de la Saskatchewan, avec un point de mire sur la recherche avec les populations autochtones dans des domaines tels que les infections transmissibles sexuellement et par le sang, la guérison traditionnelle par la terre, les déterminants de la santé et le droit de la santé.

 

Saydi Harlton est une descendante de septième génération des Irlandais, Écossais et Allemands qui ont colonisé le territoire du Traité 4. Elle travaille, joue et s’épanouit aujourd’hui sur le territoire du Traité 6, terre natale des Métis à Saskatoon. Saydi est actuellement coordonnatrice de la recherche au Waniska Indigenous Centre de la Faculté de médecine de l’Université de la Saskatchewan. Chercheuse passionnée et compétente, elle est une alliée de la communauté. Titulaire d’une maîtrise en santé communautaire et en santé des populations de l’Université de la Saskatchewan, Saydi s’intéresse aux résultats de santé des Premières Nations, des Métis et des Inuit·e·s en Saskatchewan, au Manitoba et dans l’ensemble du Canada. Elle se passionne pour la recherche communautaire, en particulier dans la lutte contre l’augmentation des taux de VIH, d’hépatite C, et d’autres ITSS dans les communautés des Prairies. Elle est inspirée par la volonté de travailler à la réalisation d’un avenir où les populations autochtones du Canada bénéficieront d’un accès égal aux soins de santé et auront accès à des formes de médecine, des programmes et des systèmes de santé respectueux et pertinents culturellement.

Partagez

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Laissez un commentaire