L’autotest du VIH – vecteur de diagnostic au Canada pour les personnes qui ne connaissent pas leur statut VIH

Mallory Harrigan image
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Améliorer l’accès au dépistage est un élément crucial des efforts visant à éliminer le VIH en tant que menace pour la santé publique au Canada. Pour que les personnes séropositives puissent entreprendre un traitement qui leur sauvera la vie, elles doivent d’abord subir un dépistage. Il est également important de connaître son statut (qu’il soit positif ou négatif) pour éviter de transmettre ou de contracter le VIH. L’autotest est une option peu restrictive qui peut augmenter le recours au dépistage du VIH chez les personnes qui n’y auraient autrement pas accès.

Le Canada a fait des progrès dans l’atteinte d’un plus grand nombre de personnes n’ayant pas reçu de diagnostic, excepté que l’accès au dépistage demeure inéquitable

Des estimations publiées récemment par l’Agence de la santé publique du Canada montrent qu’en 2020, le Canada a atteint l’objectif voulant que 90 % des personnes vivant avec le VIH au pays connaissent leur statut, ce qui constitue une réalisation importante. Mais le rapport met également en évidence des inégalités dans l’accès au dépistage, montrant que cet accès demeure inadéquat chez certaines populations. Par exemple, le rapport montre qu’une forte proportion d’hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH) vivant avec le VIH connaissent leur statut. En revanche, dans d’autres populations prioritaires, la proportion de personnes séropositives qui connaissent leur statut est beaucoup plus faible. Le rapport souligne la nécessité de redoubler les efforts pour améliorer l’accès au dépistage des populations autochtones, des communautés africaines, caraïbéennes et noires, et des personnes qui s’injectent des drogues.

Nouveau financement pour améliorer l’accès, y compris la distribution de trousses d’autotest

Pour aider à atteindre les personnes n’ayant pas reçu de diagnostic, Santé Canada a récemment annoncé de nouveaux investissements pour augmenter l’accès au dépistage du VIH. Ce financement comprend un soutien à la distribution de trousses d’autotest du VIH par des organismes communautaires. L’objectif de ce financement est de rendre le dépistage du VIH plus accessible aux personnes des communautés éloignées ou isolées pour qui le manque d’information, la stigmatisation, l’accès limité ou la distance géographique constituent des obstacles.

Rôle de l’autotest pour atteindre les personnes n’ayant pas reçu de diagnostic

L’autotest du VIH a été autorisé au Canada en novembre 2020. Autotest signifie que la personne prélève son propre échantillon de sang, effectue le test et interprète elle-même le résultat. L’échantillon de sang est prélevé par piqûre au bout du doigt et les résultats sont très exacts. Il s’agit d’un test de dépistage préliminaire, ce qui signifie qu’un résultat réactif (positif) doit être confirmé par un test de dépistage du VIH standard.

Les résultats préliminaires des études de recherche au Canada ont montré que l’autodépistage est acceptable et facile à faire pour les populations les plus touchées par le VIH. Ces études ont également montré que l’autotest est efficace quand il s’agit d’atteindre les personnes qui n’ont jamais subi de dépistage du VIH, ce qui porte à croire que ce test peut jouer un rôle important dans l’atteinte des personnes qui n’ont pas accès au dépistage par le biais des centres de soins traditionnels.

Comment les prestataires de services peuvent-ils soutenir les personnes qui passent un autotest?

Il existe plusieurs façons pour les prestataires de services de soutenir ces personnes :

  • Faire connaître les autotests de dépistage du VIH. De nombreuses personnes ne savent pas que l’autodépistage est offert au Canada. Les prestataires de services peuvent informer les client·e·s sur cette option et sur son fonctionnement. Certain·e·s client·e·s peuvent souhaiter discuter des bienfaits et des inconvénients potentiels de l’autotest du VIH par rapport à d’autres types de tests de dépistage, afin de pouvoir déterminer ce qui leur convient le mieux.
  • Expliquer à leur clientèle comment utiliser les autotests de dépistage. Les personnes qui choisissent de faire un autodépistage peuvent avoir des questions sur la bonne façon d’utiliser le test. Souligner aux client·e·s qu’ils et elles doivent suivre exactement les instructions accompagnant la trousse d’autotest.
  • Favoriser l’accès à l’autotest de dépistage. Grâce au financement bientôt offert par le gouvernement fédéral, certains organismes auront la possibilité de distribuer des tests sans frais dans leurs communautés. Les prestataires de services qui distribuent des tests pourront proposer de manière proactive des tests aux personnes qui ne cherchent pas forcément elles-mêmes à faire un autodépistage. Ceux et celles qui ne distribuent pas de tests pourront orienter leurs client·e·s vers les organismes qui le font.
  • Fournir une éducation et un soutien aux personnes avant qu’elles ne passent le test. Il est important de fournir des renseignements et un soutien, de manière ouverte et sans jugement, aux personnes qui choisissent de passer un autotest. Certaines personnes qui passent l’autotest le font parce qu’elles peuvent avoir peur de faire face à de la stigmatisation ou de la discrimination si elles demandent un test ou révèlent qu’elles ont peut-être été exposées au VIH. Les prestataires de services peuvent également aborder ce problème en mettant davantage l’accent sur la confidentialité et l’autonomie avec les client·e·s qui utilisent l’autotest, et peuvent offrir des renseignements et un soutien verbalement ou en donnant accès à des ressources imprimées ou en ligne. Certain·e·s client·e·s peuvent également bénéficier d’un soutien émotionnel avant de faire le test, car le dépistage du VIH peut être stressant dans certains cas. Avant de faire le test, les client·e·s doivent savoir que si le résultat est réactif, ils ou elles devront faire un test standard pour confirmer la séropositivité.
  • Demeurer prêt·e·s à soutenir les gens après qu’ils aient passé le test, quel que soit le résultat. Si un ou une client·e dit avoir reçu un résultat réactif à son autotest de dépistage du VIH, les prestataires de services doivent l’encourager à faire immédiatement un test de confirmation et peuvent l’orienter vers un endroit où se rendre à cette fin. Si le test de confirmation donne un résultat positif, les prestataires de services peuvent aider à mettre les client·e·s en contact avec des services de soins et de soutien supplémentaires en fonction de leurs besoins. Si un·e client·e rapporte un résultat négatif, les prestataires de services doivent s’assurer qu’il ou elle est au courant de la période de latence (aussi appelée « période fenêtre ») et de la nécessité éventuelle de refaire un test. Les prestataires doivent également discuter des stratégies de prévention à utiliser pour rester séronégatif·ve.

Pour des recommandations plus détaillées sur la manière dont les prestataires de services peuvent soutenir les personnes qui veulent passer un autotest du VIH, consultez notre Déclaration de CATIE concernant l’autotest du VIH comme moyen très efficace d’accroître le recours au dépistage au Canada.

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