Entrer en contact avec les communautés immigrantes pendant et après la pandémie

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Financé par le ministère de la Santé de l’Ontario, le programme d’information sur l’hépatite C de CATIE pour les personnes immigrantes et nouvelles arrivantes aide depuis plus de 10 ans les communautés de la province qui présentent la plus forte prévalence de la maladie. Il vise à favoriser le recours au dépistage et au traitement, à orienter les gens vers des soins et à réduire la stigmatisation.

Nous avons créé des ressources d’information sur l’hépatite C en 11 langues couramment parlées par les immigrant·e·s de la province, et nous travaillons étroitement avec les quatre plus importantes communautés immigrantes en Ontario – chinoise, philippine, pakistanaise et pendjabi – pour améliorer leurs connaissances du dépistage, du traitement et des soins de cette maladie. La majeure partie de ce travail était auparavant accomplie au moyen d’ateliers et de tables de concertation sur la sensibilisation lors d’événements communautaires.

Les défis amenés par la pandémie

Pendant plus de dix ans, la stratégie de développement communautaire et de marketing social a permis de sensibiliser ces diverses communautés de l’Ontario. Toutefois, au début de 2020, nous avons dû revoir nos plans.

Le confinement et les restrictions sur les rassemblements imposés par la COVID-19 ont compliqué nos efforts de mobilisation et de sensibilisation en personne. La clientèle des supermarchés et épiceries de quartier a diminué, parfois jusqu’à tomber au point mort, ce qui fait que les journaux des différentes communautés, généralement distribués gratuitement dans ces lieux, ne touchaient plus autant de gens. Nous avions besoin d’un nouveau moyen de faire de la publicité auprès de ces communautés. 

Une nouvelle approche

Compte tenu de ces facteurs et de la tendance générale vers les médias sociaux, notre programme a décidé de donner la priorité au numérique peu après le début de la pandémie. Qu’est-ce que cela signifie? Plutôt que de créer des ressources destinées à être imprimées ou distribuées en personne, puis d’en faire une version en ligne, nous avons décidé de considérer que les interactions en ligne étaient notre mode de communication principal et nous avons structuré nos stratégies en fonction de cette approche.

Nous avions quelques inquiétudes au départ. Les communautés immigrantes ont-elles suffisamment accès aux appareils intelligents et à l’Internet haute vitesse pour que notre approche fonctionne? Munis de chiffres encourageants, nous avons sauté dans l’inconnu et avons commencé par consulter les partenaires de nos programmes, pour la plupart des organismes communautaires qui comprennent les dynamiques socio-économiques et culturelles de leur communauté. Beaucoup d’entre eux avaient déjà commencé à offrir divers programmes et services en ligne à leur clientèle. Ces consultations nous ont convaincus qu’une approche priorisant le numérique pouvait nous aider à surmonter les obstacles créés par la pandémie et nous préparer à une croissance des besoins du programme. 

Passer des rencontres en personne à un environnement virtuel

Il nous fallait d’abord adapter notre programme de sensibilisation communautaire à un environnement en ligne. Nous offrons entre autres des ateliers d’introduction à l’hépatite C aux plus importantes communautés immigrantes de l’Ontario, dans leur langue. Avant la pandémie, ces ateliers étaient organisés dans des espaces accessibles : centres communautaires, bureaux de nos organismes partenaires et lieux de culte comme les églises, les mosquées et les gurdwaras. Les ateliers étant d’une durée de deux heures en moyenne, on offrait aux participant·e·s des sommes pour couvrir repas, transport et service de garde afin de favoriser leur présence.

Nous avons adapté les ateliers à l’environnement virtuel, en tenant compte notamment des préférences en matière de plateforme numérique (Zoom, Facebook Messenger, Google Teams ou Google Meet), et nous avons remplacé les évaluations papier par des évaluations en ligne. 

Des médias imprimés aux médias sociaux

Dans le cadre de notre stratégie priorisant le numérique, le marketing social dans les journaux des différentes communautés devait également migrer vers les médias sociaux. Nous avons créé une campagne vidéo pour partager plus facilement et efficacement l’information sur l’hépatite C en ligne. Nous avons diffusé des publicités en différentes langues sur Facebook, Instagram et YouTube pour mieux faire comprendre à nos publics cibles la transmission, la prévention et le traitement de l’hépatite C. Grâce à ces efforts publicitaires, la campagne a été vue près de 85 000 fois. 

Des influenceurs parlent d’hépatite C

Nous avons fait appel à des influenceurs et influenceuses issu·e·s des communautés immigrantes pour créer du contenu pertinent sur leur compte Instagram et leur chaîne YouTube. Nous en avons choisi quatre : une femme de Calgary parlant l’ourdu, un homme de Brampton parlant le pendjabi, un homme de Vancouver parlant le mandarin et une femme de Prince George, en C.-B., parlant le tagalog/filipino. La campagne a suscité un haut taux d’engagement – en six semaines à peine, le contenu des influenceurs et influenceuses a été vu 650 000 fois, et 50 000 personnes ont interagi avec les publications. Le taux d’engagement global de cette campagne a été quatre fois plus élevé que la moyenne pour le secteur sans but lucratif.

La priorité au numérique après la pandémie

Si la COVID-19 a mis en lumière les inégalités sociales, raciales et de classe auxquelles les communautés immigrantes sont depuis longtemps confrontées, elle a également fait ressortir leurs forces et leur résilience. Bon nombre de nos idées reçues sur le fossé numérique, comme l’accès à Internet et aux appareils intelligents, ne se sont pas avérées autant que nous le pensions. Nous savons toutefois que des barrières linguistiques et culturelles propres à l’environnement en ligne nous empêchent d’atteindre certaines personnes, et nous continuerons de multiplier les stratégies pour y parvenir.

La pandémie de COVID-19 a énormément influencé la façon d’accéder à l’information. L’utilisation accrue des plateformes de médias sociaux subsistera après la COVID-19, tout comme nos efforts pour donner la priorité au numérique.

 

Fozia Tanveer est gestionnaire des programmes liés à l’hépatite C destinés aux personnes immigrantes et nouvelles arrivantes chez CATIE. Elle travaille chez CATIE depuis 2011 et détient une maîtrise en développement de la School of Oriental and African Studies de l’University of London.

 

 

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