Ce que j’ai appris en présentant un cours sur le dépistage du VIH et de l’hépatite C

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Les traitements du VIH sauvent littéralement des vies. Ils contribuent à ce que les personnes vivent longtemps et en bonne santé, tout en prévenant la transmission. Contre l’hépatite C, il existe également des traitements très efficaces qui permettent de guérir plus de 95 % des personnes vivant avec l’infection. Mais aucun des progrès réalisés dans le traitement de l’hépatite C et du VIH ne profite aux Canadien·ne·s qui vivent avec l’une de ces infections sans connaître leur statut, soit 13 % des Canadien·ne·s vivant avec le VIH et 44 % de ceux et celles qui vivent avec l’hépatite C. Le dépistage est la première étape pour orienter les gens vers les traitements, les soins et les services de soutien; de plus, sans égard à son résultat, le dépistage peut aussi être la voie vers des services de prévention comme les programmes de réduction des méfaits, la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et plus encore.

Les prestataires de services sociaux et de santé jouent un rôle essentiel pour aider leurs client·e·s et leurs patient·e·s à comprendre le dépistage du VIH et de l’hépatite C et à y accéder, puis pour les soutenir en lien avec leur résultat et les mettre en relation avec des services de suivi. En 2021, CATIE a offert un nouveau cours sur le dépistage du VIH et de l’hépatite C afin d’aider les prestataires de services à renforcer leurs capacités dans ce domaine. Ce cours en ligne aide les apprenant·e·s à développer des connaissances approfondies sur les technologies et les approches de dépistage, et à réfléchir au rôle de tou·te·s les prestataires de services dans le diagnostic des personnes vivant avec le VIH et l’hépatite C.

Comme mes collègues qui ont présenté ce cours, j’ai beaucoup appris sur les besoins et les préoccupations des prestataires de services de première ligne en ce qui concerne le dépistage. Je vous livre ci-dessous quelques-unes de nos réflexions sur la première année où nous avons donné ce cours.

Tou·te·s les prestataires de services ont un rôle à jouer dans le dépistage

Tout au long du cours, nous invitions les apprenant·e·s à réfléchir à leur rôle dans le dépistage, même dans les cas où il est effectué à proprement parler par une autre personne. Leurs propos nous ont fait voir clairement que les prestataires de services touchant tous les aspects de la prévention, du traitement, des soins et des services en matière de VIH et d’hépatite C peuvent jouer, et jouent, un rôle essentiel pour joindre des personnes non diagnostiquées.

Par exemple, un·e employé·e de refuge peut offrir aux résident·e·s des informations sur le dépistage et une assistance pratique telle que l’accompagnement à la clinique. Les intervenant·e·s en réduction des méfaits peuvent être bien placé·e·s pour s’appuyer sur la confiance qu’ils et elles ont établie avec les personnes qui utilisent leurs services, afin de les mettre en contact avec un organisme local partenaire en dépistage. Les prestataires de services, quel que soit leur rôle, peuvent réfléchir à la manière dont les relations qu’ils et elles ont cultivées peuvent faciliter le dépistage, et examiner comment celui-ci peut être un tremplin vers la prévention, les soins et le traitement.

Les prestataires de services veulent en savoir plus sur le dépistage

Pour parler en toute confiance du dépistage aux usager·ère·s de leurs services, les prestataires doivent connaître les réponses aux questions les plus courantes. Mais nous avons appris qu’il existe des lacunes dans les connaissances sur le dépistage du VIH et de l’hépatite C parmi tous les types de prestataires de services. Il s’agit notamment de savoir quels tests sont offerts et comment ils fonctionnent, à quel moment les personnes devraient se faire dépister, et comment orienter au mieux les personnes vers les services de dépistage et les étapes ultérieures.

Nous avons également constaté la présence d’un désir de mieux comprendre les nombreux éléments en cause dans le dépistage, y compris les questions de confidentialité et de divulgation, le counseling avant et après le test, la notification des partenaires et le consentement. La connaissance de ces éléments peut aider les prestataires de services à offrir des informations et à rassurer chaque personne, avant, pendant ou après un dépistage.

Les prestataires de services ont un savoir à partager et veulent être en contact les un·e·s avec les autres pour apprendre

Dans tous ses cours, CATIE offre aux prestataires de services un espace pour apprendre de leurs pair·e·s. Dans ce cours, des participant·e·s de tout le Canada ont partagé leurs stratégies visant à réduire les obstacles au dépistage et ont réfléchi ensemble aux défis à relever. Nous avons pris connaissance de programmes de dépistage dans des écoles secondaires, de programmes ambulants de dépistage, d’événements de dépistage en partenariat ainsi que d’innombrables façons dont les pair·e·s intervenant·e·s peuvent faciliter l’accès au dépistage. Nous avons entendu l’enthousiasme à l’égard de ces approches créatives, mais aussi la frustration devant les limites actuelles dans les communautés des participant·e·s.

Il a toujours été important d’apprendre les un·e·s des autres et d’entretenir des liens, mais cela est encore plus important aujourd’hui, vu l’isolement, l’épuisement et le deuil que vivent des personnes travaillant en première ligne des services sociaux et de santé. Plus que jamais, nous voyons des participant·e·s qui souhaitent réseauter avec d’autres et apprendre de manière collaborative.

Nécessité d’efforts supplémentaires pour décloisonner le travail sur le VIH et celui sur l’hépatite C

Nous avons conçu ce cours avec l’intention qu’il aborde à la fois le VIH et l’hépatite C. Cependant, nous avons vite constaté que certain·e·s de nos partenaires et participant·e·s (mais pas tou·te·s!) hésitaient à suivre un cours intégrant le dépistage de ces deux virus – dans plusieurs cas on souhaitait une éducation sur le dépistage du VIH ou de l’hépatite C, mais pas sur les deux. Historiquement, certains des travaux sur le VIH et l’hépatite C ont été cloisonnés; cela découle souvent de ce pour quoi les programmes sont financés. Or nous entendons dire que le fait de comprendre les deux permet de mieux répondre aux besoins globaux des client·e·s.

Les prestataires de services savent que plusieurs des facteurs structurels et sociaux qui contribuent à la vulnérabilité au VIH ou à l’hépatite C se chevauchent, et que de nombreuses stratégies utilisées pour lutter contre le VIH et l’hépatite C s’inspirent de principes qui se ressemblent. Il est utile de partager les leçons apprises dans les mondes du VIH et de l’hépatite C, même lorsque le travail d’une personne ne concerne que l’un ou l’autre.

La stigmatisation est un obstacle majeur au dépistage du VIH et de l’hépatite C

La stigmatisation affecte encore tous les éléments des soins du VIH et de l’hépatite C; le dépistage ne fait pas exception. Nos apprenant·e·s ont réfléchi à la manière dont la stigmatisation crée des obstacles au dépistage et à la pertinence de l’atténuation de la stigmatisation comme stratégie pour faciliter l’accès au dépistage. La stigmatisation alimente la crainte que le dépistage ne soit pas privé ou confidentiel – un obstacle dont nous ont fait part des prestataires de services des quatre coins du pays, et en particulier ceux et celles qui travaillent dans des communautés plus petites et plus éloignées. De plus, des participant·e·s ont expliqué comment l’offre systématique de dépistage du VIH et de dépistage unique de l’hépatite C en fonction de l’âge écarte une partie de cette stigmatisation en normalisant le dépistage du VIH et de l’hépatite C au-delà des « facteurs de risque » habituels.

Depuis le lancement du cours, au printemps 2021, nous avons été ravi·e·s de voir nos participant·e·s partager des stratégies et des leçons apprises, établir des liens d’un rôle à un autre ainsi qu’entre secteurs et entre régions, et s’aider mutuellement à combler les lacunes en matière de connaissances sur le dépistage du VIH et de l’hépatite C. Nous sommes impatient·e·s de faire participer encore plus de prestataires de services, cette année, et vous pourriez en faire partie. Inscrivez-vous à notre prochain cours (c’est gratuit!) ou consultez ici les autres cours proposés par CATIE.

 

Shelley Taylor vit à Ottawa, Ontario, et travaille comme spécialiste, Éducation et renforcement des capacités chez CATIE. Shelley a une formation en santé sexuelle et en éducation des adultes, et s’intéresse particulièrement à l’échange de connaissances et au pouvoir de la diffusion de celles-ci pour créer un changement positif et durable. Dans leur temps libre, Shelley et son épouse organisent des soirées dansantes et répondent à tous les caprices de leur petit chien âgé.

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