Honorer Timothy Ray Brown, le « patient de Berlin »
Plus tôt ce mois-ci, nous avons appris la triste nouvelle du décès de Timothy Ray Brown. Aussi connu sous le nom de « patient de Berlin », Timothy est la première personne au monde à avoir guéri du VIH. Bien qu’il soit demeuré séronégatif jusqu’à son décès, la leucémie qu’il avait combattue par le passé a refait surface en 2019.
C’est ce diagnostic de leucémie qui a vu naître le traitement historique qui a guéri Timothy du VIH. Alors qu’il devait subir une greffe de cellules souches pour traiter son cancer, les médecins l’ont jumelé à un donneur porteur d’une mutation génétique rare reconnue pour sa résistance au VIH. Bien qu’il ait subi des complications à la suite de l’intervention ainsi qu’une récidive de la leucémie, le traitement s’est finalement avéré un succès – et pas seulement contre la leucémie. Les médecins ont confirmé qu’aucune trace de VIH n’était détectable dans son sang, des années après qu’il ait arrêté son traitement du VIH.
Les médecins et les chercheurs conviennent que l’intervention que Timothy a subie n’est pas une stratégie faisable ni saine pour guérir la plupart des personnes vivant avec le VIH. Mais son succès a donné des pistes sur la manière de combattre le virus, et il a suscité un nouvel engouement pour la recherche d’une cure. Plus important encore, il a donné espoir à des millions de personnes vivant avec le VIH de partout dans le monde qu’il est maintenant possible d’imaginer l’éradication du VIH.
Mais ce n’est pas seulement parce qu’il a guéri du VIH que nous admirons tous Timothy Ray Brown. Bien sûr, cette intervention a exigé de la bravoure et de la force, ce dont il a fait preuve vaillamment. Mais Timothy est allé plus loin encore, mettant de côté la vie privée que lui procurait le pseudonyme de « patient de Berlin » pour parler publiquement, aux médias et lors de colloques scientifiques, sous son propre nom. Il est devenu le visage de la recherche d’une cure contre le VIH, et l’ambassadeur dont nous avions besoin pour inspirer les chercheurs, les bailleurs de fonds et les personnes vivant avec le VIH.
Et il ne s’est pas arrêté là. Pour maintenir son statut séronégatif restitué, Timothy a parlé publiquement de son utilisation de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), et est ainsi devenu un fervent défenseur d’une autre percée majeure dans la recherche sur le VIH.
Nous avons perdu Timothy, mais son esprit pionnier et sa bravoure demeurent parmi nous chaque fois qu’une personne prête son corps à la science pour la recherche continue d’une cure contre le VIH. Les scientifiques en sont imprégnés lorsqu’ils travaillent de longues heures à explorer de nouvelles stratégies pour trouver une cure.
J’aime penser que Timothy nous observe aujourd’hui, le sourire aux lèvres, d’un endroit où la douleur n’existe pas, nous encourageant à trouver un monde où un jour, le VIH n’existera plus.
Sean Hosein est le rédacteur scientifique et médical de CATIE. Il est cofondateur de l’organisme et a écrit abondamment au sujet de la recherche sur la prévention et le traitement du VIH au cours des trois dernières décennies.