La neutralité en matière de statut VIH : un changement de paradigme

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Le VIH n’est plus ce qu’il était. De nombreuses personnes qui vivent avec le VIH décrivent ce dernier comme une affection chronique et une partie gérable de leur vie.

La prévention du VIH n’est plus ce qu’elle était non plus. La montée simultanée du message « indétectable égale intransmissible » (I=I) et de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) a causé un changement radical dans notre façon de parler de la transmission du VIH et de la prévention. Nous disposons maintenant de plus d’outils que jamais auparavant pour prévenir le VIH. Et nous affirmons avec confiance que les personnes vivant avec le VIH qui suivent un traitement efficace sont à l’origine de zéro transmission vers leurs partenaires sexuels.

Il arrive parfois qu’un changement majeur soit nécessaire pour susciter de nouvelles idées et de nouveaux efforts. La possibilité d’utiliser la PrEP et I=I en combinaison pour mettre fin à l’épidémie du VIH a inspiré un changement de paradigme dans les programmes de lutte contre le VIH, un changement qui a déjà un impact sur la transmission du VIH à certains endroits.

La ville de New York a créé une approche pour réorienter les services liés au VIH en adoptant une philosophie fondée sur la « neutralité en matière de statut VIH ». En vertu de cette approche neutre des soins, toutes les personnes sont traitées de la même manière, quel que soit leur statut VIH. Tout commence par un test de dépistage. Le résultat, qu’il soit positif ou négatif, donne lieu à une implication plus profonde dans le système de santé qui mène à l’atteinte d’un objectif final commun : le VIH n’est plus contracté ni transmis.

Le modèle fonctionne comme suit :

  • Une personne reçoit un diagnostic de séropositivité. Elle est dirigée vers le volet du traitement et peut commencer à suivre un traitement du VIH le jour même. Elle continue de recevoir des soins de qualité qui assurent son retour, ainsi que le maintien de sa bonne santé et de sa charge virale indétectable. Cette personne ne pourra pas transmettre le VIH lors de ses relations sexuelles.
  • Dans le cas contraire, une personne reçoit un résultat négatif lors de son test de dépistage. Elle est dirigée vers le volet de la prévention du VIH. Pour certaines personnes, il s’agit de commencer immédiatement la PrEP ou la prophylaxie post-exposition (PPE). Pour d’autres, il s’agit de continuer à passer des tests de dépistage du VIH et d’infections transmissibles sexuellement (ITS). Si la personne continue de s’impliquer, elle aura les outils nécessaires pour demeurer séronégative et en bonne santé.

L’utilisation d’une telle stratégie nécessite une intention, une planification et une assiduité à long terme. Elle nécessite aussi des efforts pour rejoindre et impliquer les personnes courant un risque élevé de contracter le VIH. À New York, le département de la santé s’est révélé un champion important de cette stratégie. Il a transformé des cliniques d’ITS publiques en cliniques de santé sexuelle. Ces dernières offrent des services complets liés au VIH et servent de porte d’entrée vers des programmes de prévention et de traitement. Le département a également lancé des campagnes de santé publique d’envergure pour promouvoir la PrEP, le traitement comme prévention, le concept de neutralité en matière de statut VIH et l’utilisation d’annonces positives à l’égard du sexe pour cibler des populations spécifiques touchées de façon disproportionnée par le VIH.

Et cela porte ses fruits. En 2017, New York a enregistré son plus faible nombre de nouveaux diagnostics de VIH, ce qui reflète une baisse de 35 % par rapport à 2013, année où le concept de neutralité en matière de statut VIH a été introduit.

La « neutralité en matière de statut VIH » résonne chez les militants communautaires qui voient son grand potentiel pour améliorer les soins prodigués aux personnes vivant avec le VIH ou à risque de le contracter.

John McCullagh, membre de l’Équipe champion de la campagne Toronto to Zero, croit que ce modèle pourrait et devrait être adopté au Canada. « Cette approche équilibrée pour orienter les clients vers des services continus peut aider à normaliser le dépistage systématique et à offrir des options de soins tant aux personnes séropositives qu’aux personnes séronégatives, et ce, d’une manière qui élimine la stigmatisation. »

Pour assurer la réussite de ce concept, il faut cependant que certaines mesures soient prises. Comme l’explique John, « La promotion d’un continuum des soins neutre par rapport au statut dépend de partenariats solides et de l’intégration des services pour s’assurer que les volets de la prévention et du traitement aient le moins d’obstacles possibles nuisant à la navigation des soins de santé par les clients ».

Lorsqu’il se fait de façon efficace, l’arrimage rapide de personnes séropositives nouvellement diagnostiquées aux services de traitement du VIH et l’orientation des personnes séronégatives vers des programmes de prévention continus nous aideront à réduire considérablement les nouveaux diagnostics de VIH, à soutenir les personnes dans leur épanouissement avec et au-delà du VIH et à réduire les disparités en matière de santé qui continuent d’exister.

 

Camille Arkell est gestionnaire en réduction des méfaits, prévention et dépistage du VIH chez CATIE. Elle détient une maîtrise de santé publique en promotion de la santé de l’Université de Toronto, et travaille en éducation et recherche sur le VIH depuis 2010.

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