Briser la glace dans le nord du Manitoba

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À Thompson, au Manitoba, il fait froid. La neige craque sous nos pas et les routes sont presque entièrement recouvertes de glace pure; ici, tout le monde conduit une camionnette. Je m’y suis rendue pour offrir une formation de trois jours en compagnie de Gina McKay du Centre de ressources en éducation sexuelle et de Carrie Pockett de Play it Safer Network. À l’aide de quelques ressources d’Adele Sweeny du Conseil tribal de Keewatin, nous passerons du temps avec 25 personnes de 16 communautés de Premières nations de la région.

Les premières journées sont toujours difficiles. Nos participants ne nous connaissent pas et nous sommes encore en train de nous échauffer, mais le premier atelier de Carrie sur la réduction des méfaits nous donne une bonne idée de ce à quoi ces communautés font face. On soulève des questions au sujet des politiques de réduction des méfaits et de la façon de travailler avec des personnes qui mettent en doute la philosophie appuyant la distribution de seringues et de condoms pour réduire la transmission du VIH et de l’hépatite C. Nos excellents jeux de rôle sont d’une aide précieuse lors d’une séance sur la stigmatisation et la discrimination.

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Alors que nous entamons notre deuxième journée avec des questions que nous avons sollicitées en créant une boîte à questions anonymes à l’arrière de la salle, notre groupe se sent de plus en plus à l’aise. En tant qu’animatrice, cette méthode donne toujours des résultats intéressants, car vous n’avez aucune idée de ce à quoi vous pouvez vous attendre! Cette série incluait des questions sur la façon d’expulser une personne séropositive d’une communauté, donc l’atelier intitulé « Les notions de base sur le VIH » que je présentais ne pouvait pas mieux tomber.

Ce sont souvent les mythes concernant les liquides corporels et la transmission qui donnent aux personnes le plus de fil à retordre. Au cours de leur vie, ils ont entendu et ont vu des choses qui sont devenues des vérités au sein de leur communauté et je passe donc beaucoup de temps à explorer les peurs et à mettre l’accent sur de l’information au sujet de la transmission qui soit simple à se rappeler et facile à partager. Carrie, Gina et moi-même donnons l’exemple quant à la façon de parler de la transmission du VIH, nous donnons des exemples de la façon de s’assurer que l’information est exacte et nous demandons à nos participants de s’y exercer eux-mêmes.

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Ils sont si timides! Au sein de plusieurs de ces communautés, ces personnes sont des infirmiers/infirmières et des éducateurs/éducatrices de santé communautaire, mais discuter de sexe et de sexualité demeure encore tabou pour eux. Alors, nous continuons à leur demander de partager leurs expériences afin de nous aider à mieux comprendre ce qu’ils vivent. Nous discutons de tout, de l’âge du consentement, à la grossesse en passant par les relations homosexuelles et l’utilisation de drogues, et nous apprenons de l’expérience des autres. Pour notre dernière activité de la journée, nous demandons aux participants de concevoir un événement au sein de leur communauté, tout en gardant en tête qu’ils ont un petit budget et qu’ils doivent sensibiliser la population au VIH et à l’hépatite C. Ce qu’invente chaque groupe est formidable! Ils sont créatifs lorsque vient le temps de répondre aux besoins de leur communauté respective et chaque affiche démontre bien à quel point ils ont l’espoir d’apporter des changements positifs.

Notre dernière journée ensemble débute par d’autres questions de la boîte et nous commençons à demander au groupe de nous aider à y répondre. Gina, Carrie et moi-même pouvons vraiment constater combien le groupe a acquis des connaissances et de la confiance au cours des derniers jours. Nous nous divisons en petits groupes et chaque participant dirige son petit groupe dans une discussion au sujet de la transmission du VIH. Nous leur demandons de parler de ce que les personnes de leur communauté doivent savoir et de la façon dont ils prévoient se servir de ce qu’ils ont appris avec nous lorsqu’ils seront de retour à la maison. Chaque groupe trépigne d’enthousiasme, les suggestions affluent et les rires résonnent. Nous avons de la difficulté à rassembler le groupe à nouveau pour notre mot de clôture!

C’est cependant lors de cette conclusion que nous pouvons constater quel impact ces derniers jours ont eu sur eux. Nous hésitions à demander aux participants de nous parler de leur expérience avec nous parce qu’ils étaient si timides, mais à mesure que la formation tire à sa fin, nous sommes impressionnées de voir à quel point chaque personne s’empresse de parler de son cheminement ici, des choses qu’elles ont apprises et de ce qu’elles en tirent. Nous entendons des histoires de familles en quête de guérison maintenant que l’information au sujet du VIH est plus précise dans leur esprit et des leaders communautaires qui en deviendront les défenseurs lorsqu’ils retourneront à la maison. Il est difficile de mesurer le changement lorsqu’il se produit dans nos cœurs, mais je n’oublierai jamais avec quelle rapidité notre participante la plus âgée – sur la défensive et silencieuse à son arrivée – nous a montré combien elle avait appris en changeant d’avis au sujet d’une femme séropositive au sein de sa communauté.

Melissa Egan est la coordonnatrice régionale de l’éducation en matière de santé de CATIE pour la région des Prairies. Elle travaille en collaboration avec les fournisseurs de services en Alberta, Saskatchewan et au Manitoba afin de faciliter les besoins en éducation des travailleurs de première ligne.

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