Les faits bouleversants d’AIDS 2014
Bienvenue au premier billet du blogue de CATIE. Comme nous lançons ce qui sera, nous l’espérons, une tribune stimulante pour la discussion, il est de bon ton que le premier billet porte sur un événement majeur récent de notre mouvement – AIDS 2014, tenue dernièrement à Melbourne, Australie.
Cette conférence de la Société internationale sur le sida (IAS) a suscité l’attention des grands médias plus qu’à l’habitude en raison de la tragédie internationale du vol MH 17, à bord duquel se trouvaient six délégués à la conférence, dont l’ancien président de l’IAS, le Dr Joep Lange. Pour bien des délégués canadiens, la nouvelle apprise durant la conférence qu’une amie et collègue, Elisse Zack, directrice générale du Groupe de travail canadien sur le VIH et la réinsertion sociale, était aux soins palliatifs a fait en sorte qu’un double sentiment de deuil a été associé à la conférence de cette année.
Chaque conférence lègue son propre héritage. Nous nous souviendrons d’AIDS 2012 qui a porté principalement sur le concept de la cascade du traitement, le continuum des soins illustré par les étapes allant du diagnostic au plein avantage des soins et du traitement (charge virale supprimée). AIDS 2014 a offert de multiples exemples de l’utilité de la cascade du traitement/engagement pour exposer les forces et faiblesses du système de santé, et pour combler les écarts entre les étapes et l’amélioration de l’engagement durable. AIDS 2014 a également été plus déterminée que les conférences précédentes à mettre l’accent général sur la mise en œuvre de programmes fondés sur des données probantes, et sur l’importance des droits de la personne dans le cadre des interventions.
À la conférence de cette année, ONUSIDA a fait connaître des cibles de traitement ambitieuses, énonçant que d’ici 2020 :
- 90 % de toutes les PVVIH connaîtront leur statut;
- 90 % de ces PVVIH seront en traitement;
- 90 % de celles-ci auront une charge virale supprimée.
Si cela se réalisait, la modélisation indique que nous verrions la fin du VIH en tant que maladie épidémique d’ici 2030.
Les estimations actuelles du monde entier sur la proportion de personnes vivant avec le VIH qui ont une suppression virale complète varient grandement – États-Unis (25 %); Afrique subsaharienne (29 %); Brésil (33 %); Australie (34 %); Ontario (28 %-42 %); Colombie-Britannique (35 %); France (52 %) et Royaume-Uni (61 %). Ces chiffres nous disent que nous sommes loin d’atteindre les cibles de traitement de 90/90/90 fixées pour 2020. Il nous faut trouver des façons innovatrices et efficaces de diagnostiquer plus de gens, d’en faire accéder davantage aux soins et au traitement, et d’assurer la suppression virale complète si nous voulons atteindre ces cibles.
Bien qu’il n’y ait pas de cascade du traitement nationale pour le Canada, l’Ontario et la Colombie-Britannique ont tous deux recueilli et assemblé les données sur leur cascade provinciale. L’exercice nous indique que nous avons du retard par rapport aux autres pays qui ont un système de santé public semblable. Étonnamment, l’engagement dans nos cascades semble n’être que légèrement meilleur que celui de l’Afrique subsaharienne, malgré notre système de santé comparativement bien financé. En fait, quand les gens ont reçu leur diagnostic, l’Afrique subsaharienne réussit mieux que nous à leur faire suivre un traitement et à supprimer la charge virale.
Les cibles sont importantes. Elles favorisent la responsabilisation.
Du point de vue communautaire, AIDS 2014 a été une conférence efficace, où l’accent a été mis sur les populations clés et l’importance absolue des droits de la personne pour celles-ci.
La participation accrue des populations clés à la conférence faisait du bien à voir, et tournait en dérision l’expression « difficiles à joindre » souvent employée à propos des groupes marginalisés. Après tout, pour les fournisseurs de services de première ligne, ce ne sont pas les populations clés qui sont difficiles à joindre, ce sont plutôt les politiciens, les chefs de gouvernement et les décideurs qui adoptent des politiques et des programmes idéologiques plutôt que fondés sur des données probantes qui le sont.
Laurie Edmiston est la directrice générale de CATIE, la source canadienne de renseignements sur le VIH et l’hépatite C.