Les répercussions de l’hépatite C sur les femmes : Enseignements du symposium 2025 de CanHepC

En février dernier, CATIE a participé au 14e symposium canadien sur l’hépatite C, qui était organisé par le Réseau Canadien sur l’Hépatite C (CanHepC) dans le cadre de la Conférence canadienne sur le foie. Cette conférence canadienne a rassemblé dans la ville de Québec des spécialistes de partout au pays qui ont présenté la recherche la plus récente sur l’hépatite C.
Dans le cadre du symposium, diverses perspectives ont été mises en lumière sur le thème de « L’hépatite C chez les femmes » par des clinicien·ne·s, des chercheur·euse·s et des personnes ayant un savoir expérientiel de l’hépatite C et de l’utilisation de substances. Durant l’évènement, CATIE a demandé aux présentateur·trice·s et aux participant·e·s de partager les principaux messages qu’ils et elles ont retenus de la conférence sur ce sujet important.
Visionnez cette courte vidéo et lisez le résumé ci-dessous pour en savoir plus sur les répercussions que l’hépatite C a sur les femmes.
Les femmes sont une population prioritaire émergente et mal desservie au regard de l’hépatite C
Les femmes représentent une population prioritaire émergente de plus en plus vulnérable à l’hépatite C. Bien qu’historiquement, l’hépatite C est plus courante chez les hommes, les femmes sont en train de les rattraper et même de dépasser les hommes en ce qui concerne les nouvelles infections. Au Canada, le nombre croissant d’infections à l’hépatite C chez les femmes est influencé par des tendances en matière d’utilisation de drogues. Par exemple, certaines femmes peuvent échanger des services sexuels contre des drogues, partager du matériel d’injection avec plusieurs partenaires, ou avoir peu de contrôle sur l’innocuité des drogues qu’elles consomment en raison d’un déséquilibre des pouvoirs, comme être « deuxième sur l’aiguille » lors du partage de seringues. Ce risque accru de transmission est causé par des obstacles systémiques et structurels, notamment la violence, la stigmatisation et la discrimination fondées sur le genre, qui entravent l’accès aux services de soins et de soutien. Les obstacles aux soins sont souvent aggravés par des aspects intersectionnels de l’identité des femmes, dont plusieurs sont reflétés par les populations prioritaires qui sont les plus touchées par l’hépatite C, notamment les personnes qui utilisent des drogues, les personnes autochtones et les personnes ayant déjà été incarcérées.
Occasions de s’engager dans la cascade de soins
Durant le symposium canadien sur l’hépatite C, les présentateur·trice·s ont expliqué que les femmes, particulièrement celles qui utilisent des substances, sont moins nombreuses que les hommes à amorcer un traitement en raison du manque d’attention au sexe et au genre dans les services de santé, ce qui contribue aux disparités dans l’amorce d’un traitement. De nombreux services de soins et de prévention de l’hépatite C n’ont pas été conçus en tenant compte des besoins uniques des femmes, ce qui fait en sorte que les méthodes traditionnelles d’arrimage aux soins ne parviennent souvent pas à les joindre. Par conséquent, les femmes sont ignorées dans la réponse à l’hépatite C.
En outre, davantage de personnes en âge de procréer, y compris des femmes enceintes ou qui allaitent, contractent l’hépatite C. Les soins périnataux pourraient être une porte idéale pour offrir le dépistage et le traitement de l’hépatite C, puisque ces femmes font déjà des suivis médicaux réguliers. Le diagnostic et la prise en charge précoces sont essentiels pour réduire le risque de transmission de l’hépatite C au bébé et améliorer les résultats sur la santé de la mère et de l’enfant.
Bien qu’il y ait une belle occasion d’engager les femmes enceintes dans les soins de l’hépatite C, des stratégies plus vastes adoptant des approches propres au genre et sensibles au genre sont également nécessaires pour joindre les femmes qui n’ont pas recours aux services de santé pour une grossesse. Il peut notamment s’agir d’offrir des services de réduction des méfaits pour femmes seulement, d’intégrer du soutien par les pairs, propre au genre, dans les services de santé et d’intégrer les soins de l’hépatite C dans les interventions visant à répondre aux besoins intersectionnels des femmes (c.-à-d. logement, garde d’enfants, emploi).
L’importance des stratégies sensibles au genre
La promotion d’un accès équitable à la prévention, au dépistage et au traitement de l’hépatite C nécessite des stratégies qui reconnaissent les obstacles uniques auxquels font face les femmes, tout en tenant compte de la diversité de leurs besoins et de leurs identités. Les présentateur·trice·s ont parlé de l’effet transformateur des programmes faciles d’accès et adaptés aux femmes. Cela inclut l’adoption d’une approche d’ouverture, un modèle empathique et axé sur la dignité qui s’adapte à l’évolution de la personne, même si elle n’est pas encore prête à amorcer un traitement.
Puisque les personnes autochtones, et en particulier les femmes, sont touchées de manière disproportionnée par l’hépatite C, il a aussi été souligné qu’une approche adaptée à la culture et sensible au genre est essentielle pour veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte dans la réponse à l’hépatite C. Pour cela, il faut intégrer des pratiques de bien-être autochtone dans les soins de santé durant les visites des patientes, comme la médecine traditionnelle et le travail des Aîné·e·s, et utiliser des approches comme la roue de médecine.
Les présentateur·trice·s ont aussi mentionné le manque de services destinés aux personnes trans et de diverses identités de genre, qui ne s’identifient pas nécessairement comme femme et qui sont souvent oubliées dans la recherche et la pratique. Ces personnes font face aux mêmes obstacles systémiques que les femmes cis, en plus de plusieurs autres obstacles qui leur sont propres. Les présentateur·trice·s ont souligné que les stratégies sensibles au genre doivent également être adaptées aux personnes trans et de diverses identités de genre pour veiller à une réelle inclusivité des soins.
Afin de garantir un accès équitable aux soins, il est essentiel d’adapter les stratégies de prévention, de dépistage et de traitement aux besoins propres aux femmes tout en tenant compte des facteurs intersectionnels qui façonnent leurs expériences. En reconnaissant que les femmes sont un groupe prioritaire émergeant et en offrant des services adaptés à la culture et non stigmatisants, nous pouvons aborder les risques et les obstacles uniques auxquels les femmes font face et aider à combler l’écart dans les issues de l’hépatite C.
Madison Kennedy est spécialiste en connaissances sur l’hépatite C chez CATIE.