Pourquoi il est nécessaire d’actualiser l’éducation sexuelle

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Porno-vengeance, sextos, photos de nus, dick pics, cyberimposture, applis de rencontres, OnlyFans, consentement, sexe queer, polyamour — la liste est longue. On peut dire que les jeunes d’aujourd’hui grandissent dans un contexte radicalement différent de celui des générations précédentes lorsqu’il s’agit de découvrir et de gérer leur sexualité, leur identité, leurs relations, leur santé sexuelle et leur sécurité. Les jeunes d’aujourd’hui sont sans doute plus vulnérables que les générations précédentes en raison d’un niveau d’interconnexion plus élevé et de l’exposition à des contenus erronés ou préjudiciables sur Internet. Il est donc essentiel de disposer de sources contemporaines de soutien pour aider les jeunes Canadien·ne·s à composer avec ces espaces, ces contenus et ces interactions en ligne.

Relancer la discussion sur le sexe

La fameuse discussion sur le sexe — si vous avez eu la chance d’en avoir une — est souvent mal vue, étant une conversation gênante ou maladroite autour de sujets vieux jeu, initiée par un parent ou un·e professeur·e à l’école. En temps normal, cette conversation a tendance à se concentrer sur l’anatomie cisgenre et la dynamique hétérosexuelle. Et jusqu’à tout récemment, le consentement était la plupart du temps exclu de la discussion sur le sexe ou négligé, n’étant pas vu comme un sujet crucial. La façon dont les jeunes sont initié·e·s à l’apprentissage et à la discussion sur la sexualité, leur corps et leur identité constitue un fondement décisif concernant la façon dont ils et elles interagiront, se comporteront et géreront leur santé et leur bien-être sexuels au moment de commencer à explorer leur sexualité. Le moment et la manière dont cette discussion a lieu sont très importants.

Sans surprise, dans une enquête nationale menée par la Fondation canadienne de recherche sur le sida (CANFAR), moins de 15 % des jeunes Canadiens et Canadiennes ont déclaré qu’ils et elles préféraient recevoir des renseignements sur la santé sexuelle de la part de leurs parents, et moins de 3 %, de la part de leurs enseignant·e·s. En revanche, plus de 40 % des jeunes interrogé·e·s ont déclaré qu’ils et elles préféraient obtenir des renseignements sur la santé sexuelle en ligne ou sur Internet, 33 %, de leurs prestataires de soins de santé et près de 30 %, de leurs ami·e·s. Ces chiffres contrastent fortement avec les méthodes traditionnelles d’éducation sexuelle, comme un·e enseignant·e s’adressant à une classe d’école secondaire.

Une éducation sexuelle inclusive et complète est nécessaire

Dans l’enquête de CANFAR, plus d’un·e répondant·e sur trois (36 %) s’est identifié·e comme faisant partie des communautés 2SLGBTQIA+ et près d’un·e répondant·e sur dix (9,4 %) ne se reconnaissait pas dans la binarité de genre. Lorsque les jeunes ont été interrogé·e·s sur leurs thèmes d’intérêt en matière de santé sexuelle, les thèmes les plus souvent cités étaient les relations saines, la santé mentale/émotionnelle, les pratiques sexuelles à moindres risques, le VIH et les infections transmissibles sexuellement (ITS). Ces résultats font ressortir la nécessité d’une éducation sexuelle plus inclusive et plus complète, allant au-delà de descriptions de l’anatomie et mettant l’accent sur la dynamique sociale et l’exploration sexuelle, ainsi que sur les expériences des communautés 2SLGBTQIA+.

Quant aux antécédents sexuels, selon la plupart des jeunes qui ont été interrogé·e·s, 16 ans était l’âge où ils et elles étaient devenu·e·s sexuellement actif·ve·s, ce qui porte à croire que, pour être efficace, l’éducation à la santé sexuelle devrait être dispensée aux jeunes au début de l’adolescence, avant qu’ils et elles ne deviennent sexuellement actif·ve·s. Il est clair que l’éducation sexuelle a beaucoup de retard à rattraper!

Enfin, les jeunes ont également exprimé leur intérêt pour la compréhension du VIH, beaucoup d’entre eux et elles ne sachant pas comment le virus se transmet ou ignorant que les personnes vivant avec le VIH qui suivent un traitement efficace peuvent obtenir une charge virale indétectable, ce qui rend le virus intransmissible (un fait scientifique connu sous le nom de I=I, c’est-à-dire indétectable = intransmissible). Ces lacunes dans les connaissances soulignent la nécessité d’une éducation et de renseignements actualisés, fiables et précis en matière de santé sexuelle, qui soient accessibles aux jeunes.

Combler les lacunes : Sexefluide

En réponse à ces résultats d’enquête, CANFAR a créé Sexefluide.ca — une ressource complète d’éducation à la santé sexuelle offerte en ligne, suivant une approche positive de la sexualité, qui aborde des sujets tels que le consentement, le plaisir, les rencontres en ligne, l’utilisation sécuritaire des applis, la santé mentale, l’identité de genre, la sexualité, la réduction des méfaits et la stigmatisation liée au VIH. Éclairés par un comité consultatif composé de jeunes et d’intervenant·e·s auprès des jeunes, ainsi que de chercheur·euse·s de tout le pays, le contenu et les conversations en ligne offerts par Sexefluide sont ancrés dans des scénarios tangibles et réels dans lesquels les jeunes d’aujourd’hui se retrouvent souvent.

Soutenir la jeunesse d’aujourd’hui grâce à de meilleures ressources

Au Canada, les jeunes âgé·e·s de 15 à 29 ans représentent près d’un quart des nouveaux cas de VIH. Le VIH a un impact disproportionné sur les jeunes qui sont gai·e·s, bi, queers, trans, racisé·e·s ou nouveaux·elles arrivant·e·s au Canada. Ces jeunes sont souvent confronté·e·s à des obstacles uniques qui les empêchent d’accéder à une éducation sexuelle inclusive, affirmante et complète et à des renseignements sur la santé sexuelle qui tiennent compte de leurs expériences vécues. Mais il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Il est essentiel de mettre les jeunes en contact avec des prestataires de services d’éducation et d’autres services qui ne portent pas de jugement sur le moment où ces jeunes commencent à avoir des relations sexuelles ou sur la manière dont ils ou elles ont des relations sexuelles.

Les jeunes doivent être accueilli·e·s avec compassion et se voir fournir des espaces plus bienveillants pour poser des questions, parler de leurs expériences et se sentir outillé·e·s pour explorer leur sexualité. Les propos alarmistes et la promotion de l’abstinence ne fonctionnent pas. Sexefluide vise à créer un espace en ligne plus bienveillant pour que les jeunes puissent chercher ces renseignements et leur fournit autant d’options que possible pour protéger leur santé sexuelle et prévenir les ITS. Nous devons créer et encourager davantage d’espaces de ce type, tant en personne qu’en ligne, en veillant à ce que toute « discussion sur le sexe » soit menée par les pairs, fondée sur des données probantes et englobe le consentement, les limites, la protection, le plaisir, la réduction des méfaits, ainsi que les expériences de toutes les identités. La relance de la discussion sur le sexe est là pour durer.

Commander nos ressources

Sexefluide et CATIE ont fait équipe pour créer du matériel éducatif qui favorise des approches plus inclusives et à moindres risques pour fournir aux jeunes des renseignements sur la santé sexuelle. Ces cartes postales sont colorées et accrocheuses, suscitant l’intérêt des jeunes à se renseigner sur le VIH, la santé sexuelle et la réduction des méfaits. Visitez le Centre de distribution de CATIE pour obtenir des copies imprimées gratuites livrées à votre clinique ou à votre organisme.

 

Roxanne Ma est vice-présidente des programmes nationaux de sensibilisation chez CANFAR.

Jazmine George est administratrice des programmes de sensibilisation nationaux chez CANFAR.

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