Pour réaliser le plein potentiel de la PrEP : accroître la sensibilisation et élargir l’accès

• 

La PrEP a beau être un outil très efficace pour prévenir le VIH, elle reste sous-utilisée dans de nombreuses populations qui pourraient en bénéficier. Afin de tirer le maximum de la PrEP pour réduire considérablement le nombre de cas de transmission du VIH au Canada, il est urgent d’accroître son utilisation et d’en élargir la portée.

Fait prometteur, la PrEP a contribué à réduire le nombre de nouveaux cas de VIH parmi les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (gbHARSAH), qui constituent la grande majorité des personnes utilisant actuellement la PrEP au Canada. Des études ont montré par exemple que la PrEP a contribué à la baisse de la transmission parmi les gbHARSAH en Colombie-Britannique et à Ottawa. Cependant, dans l’ensemble du Canada, les progrès ont été lents et l’adoption de la PrEP mérite encore d’être améliorée.

D’autres groupes touchés de manière disproportionnée par le VIH, tels que les Autochtones, les personnes africaines, caraïbéennes et noires, les femmes trans et les personnes qui utilisent des drogues, sont moins informés que d’autres au sujet de la PrEP et il reste un travail important à accomplir pour accroître la sensibilisation et l’accès de ces communautés à la PrEP.

Ratisser large : une éducation sur la PrEP pour toutes les personnes à qui elle pourrait profiter

Nous savons que la connaissance de la PrEP est élevée parmi les gbHARSAH, mais bien moindre dans d’autres groupes touchés de manière disproportionnée par le VIH et dans le grand public. De nombreuses personnes qui pourraient bénéficier de la PrEP n’en connaissent pas même l’existence. Cependant, les personnes qui en sont informées envisagent en nombre important de prendre la PrEP.

Sensibiliser à plus grande échelle est une première étape cruciale pour améliorer l’adoption de la PrEP et nous avons tou·te·s un rôle à y jouer – des pairs jusqu’aux travailleur·euse·s sociaux·ales en passant par les prescripteur·trice·s potentiel·le·s de PrEP et les pharmacien·ne·s. Il est préférable de ratisser large en matière de sensibilisation à la PrEP et de ne pas faire de suppositions quant à la possibilité qu’une personne soit exposée au VIH. On peut ouvrir la voie à la sensibilisation de tou·te·s les client·te·s à la PrEP et aux autres stratégies de prévention du VIH en ayant périodiquement des conversations franches et exemptes de jugements sur les comportements à risque.

Il est important de reconnaître que certaines personnes exposées au VIH pourraient se sentir mal à l’aise lorsqu’il s’agit de parler de leurs comportements à risque, pour diverses raisons – notamment la stigmatisation liée au sexe et à l’utilisation de drogues, l’homophobie et la méfiance à l’égard du système médical. Pour informer efficacement leurs client·e·s, les prestataires de services ont besoin de comprendre les considérations spécifiques aux populations qu’ils/elles servent, en ce qui concerne la PrEP. Ceci leur permettra d’aborder les questions et les préoccupations avec sensibilité. Par exemple, il existe des considérations particulières concernant la PrEP pour les femmes cis et trans et pour les personnes qui utilisent des drogues.

Faciliter l’accès à la PrEP et aider les personnes à en poursuivre l’utilisation

Des obstacles peuvent rendre l’accès à la PrEP, ou la fidélité à la posologie de PrEP, difficile pour de nombreuses personnes. Il peut s’agir de diverses formes de discrimination ainsi que de facteurs comme l’éloignement des services de PrEP ou le manque de connaissances des prestataires de soins de santé. Certaines personnes peuvent également être aux prises avec des priorités concurrentes, comme le travail ou la garde d’enfants, qui compliquent la tâche de se rendre à des rendez-vous médicaux réguliers ou de prendre un médicament avec assiduité.

Un excellent moyen de fournir du soutien aux personnes susceptibles d’être exposées au VIH est d’intégrer systématiquement l’éducation et l’offre d’accès à la PrEP dans les services de santé qu’elles fréquentent déjà, p. ex. les cliniques de santé spécifiques à des populations et les services de réduction des méfaits. Cela peut faciliter l’accès à la PrEP grâce à un milieu propice où des prestataires de confiance offrent le type de soins nécessaires, qu’il s’agisse d’approches de réduction des méfaits pour les personnes qui utilisent des drogues, de soins d’affirmation du genre pour les personnes trans, ou de soins adaptés à la culture dans le cas des personnes autochtones ou membres des communautés africaines, caribéennes et noires.

Une fois qu’une personne commence à utiliser la PrEP, elle pourrait avoir besoin de soutien pour y être fidèle ou pour se rendre aux rendez-vous médicaux réguliers. Par exemple, des personnes en situation de logement instable ont dit avoir de la difficulté à garder leurs pilules en lieu sûr et à respecter le calendrier pour les prendre. Pour certaines personnes qui utilisent des drogues, il peut être utile de recevoir leurs pilules pour la PrEP en même temps que d’autres médicaments quotidiens, p. ex. des traitements par agonistes opioïdes ou des médicaments reçus dans le cadre d’un programme d’approvisionnement plus sécuritaire. Il n’y a pas d’approche « à taille unique » en matière de PrEP. Différentes communautés peuvent avoir différents besoins de soutien et se heurter à différents obstacles. Les prestataires de services peuvent travailler avec chaque personne afin de surmonter les obstacles qui lui rendent difficile de suivre un régime de PrEP.

Plus de choix que jamais en matière de PrEP

La gamme des options pour la PrEP s’est beaucoup élargie ces dernières années. La PrEP orale peut être prise quotidiennement sous forme de pilule par toute personne susceptible d’être exposée au VIH lors de relations sexuelles anales ou vaginales ou du partage de matériel de consommation de drogues. Les gbHARSAH peuvent par ailleurs envisager un schéma posologique à la demande. Par ailleurs, une forme injectable de PrEP à longue durée d’action a récemment été approuvée comme option pour prévenir le VIH dans le contexte des relations sexuelles vaginales ou anales. Cela signifie que les gens peuvent choisir entre plusieurs options celle qui leur convient le mieux.

Malgré ces innovations très efficaces, nous n’avons pas constaté de baisse spectaculaire du nombre de nouveaux diagnostics de VIH au Canada, ce qui montre qu’il est urgent de faire connaître la PrEP à un plus large éventail de personnes exposées au risque de contracter le VIH. Vu le nombre croissant d’options en matière de PrEP, le temps est venu d’en réaliser le plein potentiel afin de réduire la transmission du VIH parmi tous les groupes de personnes en élargissant la sensibilisation, l’accès et le soutien.

 

Mallory Harrigan est spécialiste en connaissances, Prévention et dépistage du VIH chez CATIE. Elle détient une maîtrise en psychologie communautaire de l’Université Wilfrid Laurier.

Partagez

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Laissez un commentaire