Parlons ménopause et VIH

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Grâce aux percées dans les traitements et les soins, les personnes vivant avec le VIH vivent plus longtemps et en meilleure santé. Une vie plus longue signifie par le fait même que davantage de ces personnes se rendent à la ménopause, une transition importante de la vie que connaissent de nombreuses femmes cisgenres, ainsi que certains hommes trans et certaines personnes non binaires*.

Bien qu’un grand nombre de femmes passent près de la moitié de leur vie en ménopause, cette transition n’est pas couramment abordée dans le cadre de la santé sexuelle et reproductive ni dans les soins liés au VIH. En outre, de nombreuses femmes n’ont pas l’impression qu’il existe des soins pour la ménopause ou, lorsqu’elles demandent de tels soins, elles ne sont pas prises en charge de manière adéquate.

Nous devons rompre le silence et éliminer la stigmatisation qui entoure la ménopause. Les prestataires de soins et de services pourraient mieux soutenir leur patientèle et clientèle qui vivent la ménopause, y compris celles et ceux qui vivent avec le VIH, en s’informant davantage sur le sujet et sur la manière de fournir des soins aux personnes qui vivent cette importante période de transition.

*CATIE reconnaît que, bien que les soins liés à la ménopause soient principalement conçus pour les femmes cisgenres, les personnes à qui on a assigné le sexe féminin à la naissance et qui ne s’identifient pas comme des femmes peuvent également avoir besoin de soins liés à la ménopause adaptés à leurs besoins.

Qu’est-ce que la ménopause?

Dans la plupart des cas, la transition ménopausique débute entre 45 et 55 ans, comme suite à des changements touchant les hormones sexuelles liées à la reproduction, soit les œstrogènes et la progestérone. Chez les femmes séropositives qui suivent un traitement efficace contre le VIH, l’âge de la ménopause varie aussi, mais semble similaire à celui des femmes séronégatives.

Au fur et à mesure que les femmes avancent en âge, les processus biologiques liés au vieillissement et les changements liés aux hormones sexuelles entraînent des menstruations irrégulières, puis peu fréquentes, et souvent un certain nombre d’autres symptômes. La première étape, la périménopause, met en jeu une diminution progressive de la fonction ovarienne et peut commencer jusqu’à 10 ans avant la ménopause. On considère qu’une personne est ménopausée lorsqu’elle n’a pas eu de menstruations pendant 12 mois consécutifs. Pendant et après cette transition, certains symptômes peuvent apparaître, tels que bouffées de chaleur, sueurs nocturnes et sécheresse vaginale. Même s’il existe des symptômes communs, chaque personne vivra une expérience unique au cours de sa ménopause.

Les produits de traitement hormonal substitutif (THS) sont les traitements les plus courants des symptômes de la ménopause, qui comprennent une perte osseuse accélérée. Le THS est composé d’œstrogènes et de progestérone, et il est offert sous plusieurs formes : pilule, timbre, gel et anneau vaginal.

Le modèle biomédical considère la ménopause comme le début du vieillissement d’une femme et la fin de ses années de reproduction, mais la ménopause comporte également un aspect social qui peut varier en fonction des déterminants sociaux de la santé (en anglais seulement). Dans une société qui catégorise souvent les femmes selon qu’elles sont « jeunes » ou « vieilles », et selon qu’elles sont mères ou sans enfant, la ménopause représente non seulement une transition biomédicale, mais aussi un changement dans la façon dont les femmes sont perçues. Certaines peuvent déplorer ce que ce changement représente, mais beaucoup l’honoreront. Pour les femmes vivant avec le VIH, la ménopause peut être l’occasion de célébrer de nouvelles expériences et de profiter d’une vie plus longue.

Ménopause et VIH

De nombreux symptômes que présentent les femmes vivant avec le VIH peuvent s’aggraver pendant la ménopause. Cela dit, il peut être difficile de déterminer si ces symptômes sont dus au VIH, au traitement du VIH, à la ménopause, à une combinaison de ces facteurs ou à d’autres problèmes de santé liés à l’âge.

Afin de faire la lumière sur cette question, une équipe de scientifiques canadien·ne·s a recueilli des données sur la santé de 464 femmes vivant avec le VIH en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec qui étaient en périménopause ou ménopausées. Alors que près de 50 % des femmes présentaient des symptômes de la transition ménopausique, seulement 12 % d’entre elles avaient déjà eu recours à un THS. De nombreuses femmes participant à l’étude n’avaient pas discuté de la ménopause ou de ses traitements avec leurs prestataires de soins de santé dans le but d’obtenir un soulagement des symptômes. L’étude a également révélé que les femmes autochtones, ainsi que les femmes africaines, caraïbéennes et noires, étaient moins susceptibles de discuter de la ménopause avec leurs prestataires de soins de santé que les femmes blanches.

Il peut être difficile de revendiquer soi-même l’accès au THS. Cependant, les femmes qui ont discuté de la ménopause avec leur médecin sont plus susceptibles d’avoir reçu un THS, ce qui souligne l’importance de ces discussions dans le cadre des soins cliniques, ainsi que la nécessité d’améliorer l’information sur la ménopause à la disposition des prestataires de soins de santé.

Soutenir les femmes vivant avec le VIH

Il existe très peu d’information et de ressources pour soutenir les personnes dans leur cheminement avec la ménopause, et jusqu’à récemment, il n’y avait rien de conçu expressément pour les femmes vivant avec le VIH au Canada. Pour combler cette importante lacune, une équipe de femmes vivant avec le VIH qui ont connu la ménopause et des chercheuses de la BCC3 (British Columbia CARMA CHIWOS Collaboration) se sont réunies pour rédiger Être ménopositive : Votre guide sur la ménopause. Ce guide fournit des renseignements utiles, notamment des détails sur les différentes étapes de cette transition importante, comme les changements auxquels il faut s’attendre et des perles de sagesse pour y faire face.

Les femmes commencent à briser le tabou de la ménopause, et les soins de santé ont un retard à rattraper. En plus de diffuser cette ressource auprès de leurs patient·e·s, les prestataires de soins de santé peuvent être plus proactif·ve·s dans la compréhension et le traitement des symptômes liés à la ménopause, en offrant de l’information sur le THS et en s’informant sur cette période de transition en général. Ils et elles peuvent également travailler avec les femmes cisgenres et d’autres personnes susceptibles de connaître la ménopause pour prendre en charge les changements corporels et les problèmes de santé qui les accompagnent. Vieillir et bien vivre avec le VIH signifie également bien vivre avec la ménopause.

 

Sugandhi del Canto est directrice associée, Mobilisation des connaissances sur le VIH et la santé sexuelle chez CATIE. Elle travaille dans le domaine du VIH depuis 2002 et est titulaire d’un doctorat en santé communautaire et épidémiologie de l’Université de la Saskatchewan. Elle tricote également beaucoup.

Pour en savoir plus

Un guide pratique pour un corps en santé pour les personnes vivant avec le VIH : les changements hormonaux

A practical clinical guide to counselling on and managing contraception, pre-conception planning, and menopause for women living with HIVJournal de l’Association pour la microbiologie médicale et l’infectiologie Canada

Les soins VIH centrés sur les femmesCHIWOS

Primary Care GuidelinesCentre d’excellence sur le VIH/sida de la Colombie-Britannique

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