Initiative en faveur des communautés autochtones des régions éloignées et isolées du Nord : dépistage de la COVID-19, du VIH et des ITSS en milieu communautaire

• 

Accès aux tests de dépistage du VIH et des ITSS

Le dépistage du VIH et d’autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) en laboratoire peut être inaccessible à certaines populations telles que les communautés autochtones des régions éloignées et isolées du Nord (REIN) en raison de plusieurs facteurs, par exemple :

  • la difficulté d’accès à un prestataire de soins de santé;
  • la nécessité de se déplacer vers des établissements où les tests de dépistage sont centralisés;
  • les longs délais d’attente avant la communication des résultats;
  • les préoccupations concernant la confidentialité et la stigmatisation.

La décentralisation des tests de dépistage en milieu communautaire (TDMC) et des services de santé permet de remédier à ces facteurs et de réduire les inégalités sociales de santé auxquelles sont confronté·e·s depuis longtemps les membres des communautés des REIN de tout le Canada. Proposer diverses options novatrices de tests de dépistage est un moyen particulièrement utile de toucher les personnes qui n’ont pas reçu de diagnostic, car cela permet d’améliorer l’accessibilité, la confidentialité et la commodité des services, et de réduire la stigmatisation liée au recours aux méthodes classiques de dépistage du VIH et des ITSS.

Élaboration d’un programme de tests de dépistage en milieu communautaire

Dès le début de la pandémie de COVID-19, alors que l’approvisionnement mondial en produits de dépistage était extrêmement limité, les scientifiques du Laboratoire national de microbiologie (LNM) de l’Agence de la santé publique du Canada ont reconnu qu’il était nécessaire de mettre en place un mécanisme visant à soutenir les populations des REIN. En collaboration avec ses partenaires du Réseau des laboratoires de santé publique du Canada, le LNM a publié une déclaration concernant la distribution prioritaire du matériel de dépistage dans ces communautés.

Le LNM a assuré l’approvisionnement en tests et en appareils de dépistage de la COVID-19 dont l’utilisation à des fins diagnostiques aux points de service avait été autorisée par Santé Canada. Dans un deuxième temps, l’équipe de chercheurs du LNM a élaboré des outils visant à aider le personnel non scientifique à utiliser les tests, notamment des guides de formation simples et clairs accompagnant chaque test. Les outils de formation comprenaient également :

  • des vidéos;
  • des aide-mémoire imprimés;
  • des procédures opérationnelles normalisées. 

Pour étayer son action, le LNM a établi des liens avec les membres et les leaders des communautés afin de présenter les tests et de répondre aux questions concernant leur utilisation.

Élargir le réseau de dépistage en milieu communautaire

Le LNM a étroitement collaboré avec Services aux Autochtones Canada (SAC) et les laboratoires de santé publique des provinces et territoires pour coordonner la communication des résultats, les mesures de biosécurité et l’arrimage aux soins.

Après la mise en place des protocoles de tests basés sur des appareils et la formation initiale, le programme a été élargi aux tests antigéniques rapides et à d’autres types de prélèvements, notamment les écouvillonnages nasaux ou buccaux et les échantillons de salive ou de crachat ou prélevés par gargarisme. Le prélèvement d’échantillons par des pairs formés est passé à l’autoprélèvement dans le cas de certains tests. 

En 32 mois, l’initiative en faveur des REIN a permis de créer un réseau de dépistage grâce auquel plus de 3 millions de tests ont été effectués dans plus de 400 centres. Le LNM continue d’évaluer les nouveaux outils de dépistage et d’assurer une surveillance continue de la qualité dans les centres qui mettent en œuvre les TDMC.

Extension du dépistage de la COVID-19 au dépistage du VIH et des ITSS

Au cours de l’été 2022, des entretiens avec divers partenaires ont permis de déterminer les moyens de maintenir et d’élargir ce réseau de TDMC au-delà du dépistage de la COVID-19 afin de répondre aux besoins prioritaires des communautés concernant d’autres types de dépistage et les services de transformation de la santé. De nombreuses communautés ont sollicité de l’information sur le dépistage des ITSS, y compris l’infection par le VIH, l’hépatite C et la syphilis. L’une des priorités définies par les leaders communautaires dans le cadre de ces échanges était leur capacité d’encadrer l’extension des services de dépistage dans leurs communautés.

Le 1er août 2022, l’honorable Jean-Yves Duclos, ministre fédéral de la Santé, a annoncé l’octroi d’un financement de 9,9 millions de dollars pour aider à joindre les personnes qui n’ont pas encore reçu de diagnostic d’infection par le VIH dans les communautés des REIN. Forte de ce financement, l’initiative en faveur des REIN se donne désormais pour objectif d’étendre les services de dépistage déjà en place dans ces communautés de manière à inclure des options de dépistage du VIH et des ITSS, et de mettre en œuvre les TDMC dans d’autres communautés où ce processus n’a pas encore été entamé. La boîte à outils de dépistage comprendra les éléments suivants :

  • tests de dépistage moléculaire reposant sur le système GeneXpert;
  • autotests ou tests de dépistage rapides aux points de service;
  • prélèvement d’échantillons de sang séché pour les services de dépistage en laboratoire. 

Le gouvernement du Canada soutient la transformation des services de santé destinés aux Autochtones en veillant à ce que les communautés autochtones prennent l’initiative de décider de la répartition des fonds destinés aux activités de TDMC. Il s’agit également de prolonger les acquis obtenus pendant la pandémie de COVID-19 afin de faciliter l’accès des citoyens des REIN au dépistage des ITSS, et notamment du VIH. Le financement permettra également de subventionner les ressources humaines en santé et aidera le personnel du LNM à renforcer les services de dépistage, y compris la formation et la surveillance continue de la qualité. 

L’avenir de l’initiative en faveur des REIN

Pour planifier leur avenir, les communautés des REIN pourront compter sur l’étroite collaboration du LNM, de SAC et des autorités provinciales et territoriales pour élaborer un plan stratégique concernant la gouvernance, le développement et la durabilité du réseau de TDMC. Cela permettra de regrouper certaines priorités essentielles au renforcement des services de santé dans les collectivités, notamment la surveillance des eaux usées, les initiatives de réduction des méfaits et la prise en charge intégrée des maladies transmissibles et non transmissibles qui touchent les citoyens des REIN.

 

Adrienne Meyers, Ph. D., est actuellement détachée auprès de Services aux Autochtones Canada en tant que directrice de l’intégration des laboratoires au sein du Bureau de la Santé publique et de la population. Elle était précédemment directrice associée du National STBBI Laboratory Division for Underserved Population Health du Laboratoire national de microbiologie de l’Agence de la santé publique du Canada. Elle est également professeure auxiliaire au département de microbiologie médicale et des maladies infectieuses de l’Université du Manitoba, et professeure auxiliaire au département de microbiologie médicale de l’Université de Nairobi. Dernièrement, Adrienne Meyers s’est employée à encadrer l’élaboration de stratégies novatrices de dépistage du VIH et des ITSS et à faciliter leur utilisation par les populations vulnérables et négligées au Canada. Dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de COVID-19, Adrienne Meyers a collaboré avec les leaders autochtones afin de mettre en place des programmes de TDMC, de réduire les inégalités en matière de santé et de faciliter l’accès aux tests diagnostiques au titre de l’initiative en faveur des régions éloignées et isolées du Nord.

Paul Sandstrom, Ph. D., est le directeur des Laboratoires nationaux du VIH et de rétrovirologie de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC). À ce titre, il est responsable de la planification, de l’orientation et de la gestion des programmes de recherche en laboratoire, de surveillance et de tests cliniques dans le cadre de l’Initiative fédérale de lutte contre le VIH/sida. M. Sandstrom agit fréquemment à titre de conseiller auprès de l’Organisation mondiale de la Santé en matière de programmes de laboratoire relatifs au génotypage et au séquençage dans le contexte de la résistance du VIH aux médicaments. Dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de COVID-19, Paul Sandstrom a collaboré avec les leaders autochtones afin de mettre en place des programmes de TDMC, de réduire les inégalités en matière de santé et de faciliter l’accès aux tests diagnostiques au titre de l’initiative en faveur des régions éloignées et isolées du Nord (REIN) de l’ASPC.

Partagez

Laissez un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Laissez un commentaire