Davantage d’options de dépistage du VIH au Canada
Le dépistage est une partie essentielle de la cascade de soins pour le VIH. Pour être arrimées aux services de traitement, de soins et de soutien, les personnes vivant avec le VIH doivent avoir reçu un diagnostic. Lorsqu’une personne a son diagnostic, un traitement efficace lui permettra de vivre longtemps et en santé, d’avoir des enfants séronégatifs et de ne pas avoir à craindre de transmettre le VIH à ses partenaires sexuels. Les personnes séronégatives qui courent un risque continu de contracter le VIH peuvent être aiguillées, entre autres, vers des services de prévention et de réduction des méfaits, au besoin.
Selon les dernières estimations sur le VIH de 2016, environ 86 pour cent des Canadiennes et Canadiens vivant avec le VIH ont reçu leur diagnostic, ce qui signifie que les 14 pour cent restants, soit plus de 9 000 Canadiennes et Canadiens, vivent avec le VIH sans le savoir.
Pour que le Canada augmente la proportion de personnes qui reçoivent un diagnostic de VIH, nous devons trouver des manières d’élargir les solutions de dépistage. L’ajout de nouvelles options aidera à surmonter certains des obstacles auxquels les gens sont confrontés, comme la stigmatisation, les craintes liées à la confidentialité, ou le temps de déplacement et d’attente.
Autodépistage du VIH
En novembre 2020, Santé Canada a homologué la trousse d’autodépistage du VIH INSTI, le premier dispositif approuvé au Canada qui permet de s’administrer soi-même le test de dépistage du VIH. Le test est facile à faire et donne le résultat en une minute. Il ne s’agit que d’un test de dépistage, ce qui signifie que si une personne obtient un résultat réactif (préliminairement positif), elle devra subir un test de confirmation auprès d’un professionnel de la santé pour confirmer le résultat.
La disponibilité de ce test signifie que n’importe qui peut faire un dépistage du VIH en privé. Au départ, le test sera vendu en ligne par le fabricant au coût approximatif de 30 $ et certaines pharmacies pourraient aussi choisir de le vendre. Bien que le coût puisse être un obstacle pour certaines personnes, l’autodépistage offre une plus grande flexibilité à ceux qui en ont les moyens. Afin d’accroître l’accès à l’autodépistage, le Centre REACH 3.0 des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) prévoit d’acheter une certaine quantité de trousses d’autodépistage pour permettre aux gens de la recevoir par la poste ou de la récupérer auprès d’organismes partout au Canada. Cela permettra de s’assurer que les trousses se rendent entre les mains des personnes qui souhaitent pratiquer l’autodépistage. Santé publique Ottawa, en partenariat avec le Comité du sida d’Ottawa, MAX Ottawa et l’Ontario HIV Treatment Network (OHTN), mène déjà un projet pilote d’autodépistage dans la région d’Ottawa.
Analyse de laboratoire
En plus de l’autodépistage, il existe plusieurs autres options de dépistage du VIH au Canada. La majorité des gens au Canada se font dépister au moyen d’une analyse de laboratoire pratiquée à partir d’un prélèvement de sang dans le bras. L’échantillon de sang est envoyé à un laboratoire où il subit d’abord un test de dépistage du VIH. Si le test de dépistage est réactif (préliminairement positif), alors un test de confirmation est effectué sur le même échantillon pour confirmer le résultat. Jusqu’à deux semaines peuvent s’écouler avant de recevoir les résultats. L’avantage de ce test est qu’il donne un résultat sûr à partir d’un seul échantillon de sang. Cependant, pour subir le test, les gens doivent avoir accès à un service communautaire ou de soins de santé (comme leur médecin de famille, un centre de santé communautaire ou une clinique de santé sexuelle).
Dépistage aux points de service
Le dépistage rapide aux points de service est un test plus pratique qui est offert dans certaines régions du Canada. Il est offert depuis presque 20 ans au Canada et utilise la même technologie que l’autodépistage, mais en étant pratiqué par un prestataire de services. Pour ce test, on prélève une goutte de sang du bout du doigt et on obtient les résultats en une minute. Ainsi, le client peut recevoir son résultat au moment du test. Par contre, puisqu’il s’agit d’un test de dépistage, si le test est réactif (préliminairement positif), un échantillon de sang devra être prélevé pour effectuer une analyse de laboratoire afin de confirmer un résultat positif. L’avantage du dépistage aux points de service est sa rapidité d’exécution et le fait qu’il permette d’aiguiller les personnes vers les services de lutte contre le VIH appropriés selon leur résultat – y compris les programmes de prévention ou les services de soutien et de soins.
L’analyse de gouttes de sang séché
Une autre option offerte au Canada, bien que de façon limitée, est l’analyse de gouttes de sang séché. Pour ce type d’analyse, on prélève du sang du bout du doigt qu’on place sur une carte. La goutte de sang est séchée à température ambiante et postée à un laboratoire de santé publique pour pratiquer les tests de dépistage et de confirmation. Actuellement, cette technique de prélèvement est utilisée de façon limitée au Canada puisque seuls quelques laboratoires de santé publique peuvent analyser les cartes de gouttes de sang séché. Ce test a l’avantage de pouvoir être utilisé dans les régions rurales et éloignées puisque les échantillons sont très stables une fois prélevés et n’ont pas besoin d’être réfrigérés durant le transport. Les gouttes de sang séché peuvent aussi être utilisées pour dépister d’autres infections transmissibles par le sang, comme l’hépatite B et l’hépatite C.
Dépistage oral du VIH
Un deuxième test d’autodépistage est étudié au Canada dans l’espoir qu’il soit approuvé dans la prochaine année. Le test de dépistage oral du VIH OraQuick utilise un prélèvement oral plutôt qu’une piqûre au doigt pour détecter le VIH. Le test, qui est facile à pratiquer, est offert aux États-Unis depuis de nombreuses années à la fois sous forme de dépistage aux points de service et d’autodépistage. Pour pratiquer le test, il suffit de frotter ses gencives supérieures et inférieures avec un écouvillon puis d’insérer ce dernier dans un dispositif de dépistage. On obtient le résultat en 20 à 40 minutes. Tout comme pour l’autodépistage du VIH INSTI, le test oral n’est qu’un test de dépistage, ce qui signifie qu’une analyse sanguine de confirmation est nécessaire pour confirmer un résultat positif. L’avantage du test oral est qu’aucun échantillon de sang n’est requis pour effectuer l’autodépistage, ce qui peut le rendre plus convenable pour certaines personnes.
Le dépistage simultané du VIH et de la syphilis
Une autre approche de dépistage intéressante est le dépistage aux points de service qui permet de détecter à la fois le VIH et la syphilis. Deux tests sont présentement à l’étude au Canada, l’un par BioLytical, le fabricant du test de dépistage du VIH aux points de service actuellement offert au Canada, et l’autre par MedMira. Il s’agit toutes deux de compagnies canadiennes. Tout comme pour le dépistage du VIH aux points de service, on obtient le résultat en environ une minute. Un test sanguin de confirmation est requis pour confirmer un résultat positif. Puisque le test de syphilis détecte les anticorps de la syphilis, il ne convient pas aux personnes qui ont déjà reçu un diagnostic de syphilis et le traitement associé (puisque les anticorps sont présents à vie). Par conséquent, ce test est incapable de dire si une personne ayant déjà eu un diagnostic de syphilis a contracté une nouvelle infection à la syphilis. Ces tests de dépistage aux points de service seront particulièrement utiles puisque les taux de syphilis augmentent partout au Canada.
Si les essais cliniques actuels se passent bien, nous verrons l’autodépistage par la salive et les tests de dépistage du VIH et de la syphilis aux points de service approuvés aux fins d’utilisation au Canada dans la prochaine année. On espère que la disponibilité de différentes options de dépistage facilitera l’accès aux tests et aidera à identifier davantage de Canadiennes et de Canadiens atteints du VIH qui ne connaissent pas leur statut. La connaissance de son statut sérologique est importante à la fois pour les personnes séronégatives et les personnes vivant avec le VIH, puisque c’est la première étape pour aiguiller les personnes vers des services de prévention ou le traitement et les soins.
Zak Knowles est le directeur associé des publications électroniques et imprimées de CATIE. Avant de se joindre à CATIE, il a travaillé comme conseiller en matière de VIH à la Hassle Free Clinic, une clinique de santé sexuelle du centre-ville de Toronto.