Parler de l’hépatite C avec des immigrants et des nouveaux arrivants au Canada

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Au Canada, une personne touchée par l’hépatite C sur trois est née à l’étranger. Le taux de prévalence de la maladie chez les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada est deux fois supérieur à celui de l’ensemble de la population canadienne. Les recherches démontrent également que les résultats en matière de santé dus à l’hépatite virale et au cancer du foie des immigrants et des nouveaux arrivants sont plus graves que ceux observés chez la population endogène; à titre d’exemple, on notera des taux de carcinome hépatocellulaire et de mortalité dus à l’hépatite virale et au cancer hépatique de deux à quatre fois plus élevés. Parler aux immigrants de l’hépatite C devient très important, vu qu’il s’agit d’une population à risque.

Comment survient la transmission

Depuis les quarante dernières années, une grande majorité des immigrants qui arrivent au Canada proviennent de pays marqués par un taux moyen à élevé d’hépatite C, comme la Chine, l’Inde, le Pakistan et les Philippines.

Généralement, la majorité des infections à l’hépatite C surviennent dans des environnements médicaux à la suite de l’utilisation d’équipement non stérilisé, d’injections non sécuritaires, ou de la transfusion de sang et de produits sanguins en l’absence de contrôle. Les pratiques de contrôle des infections sont également différentes d’un pays à l’autre et la majorité des immigrants contractent l’hépatite C dans leur pays d’origine avant de déménager au Canada. L’hépatite C se transmet aussi par le biais de pratiques médicales ou culturelles traditionnelles qui sont répandues dans certains pays, comme l’utilisation d’accessoires de rasage non stérilisés dans certaines échoppes de rue, l’utilisation de ventouses (hijama) ou la (ré)utilisation d’aiguilles d’acuponcture.

L’accès aux soins : un parcours semé d’embûches

Après leur arrivée au Canada, les immigrants doivent surmonter de nombreux obstacles pour avoir accès à des soins; il peut en outre s’écouler beaucoup de temps avant de recevoir un diagnostic d’hépatite C, et encore plus longtemps s’ils doivent être orientés vers un traitement et des soins. Certaines études indiquent qu’en moyenne, jusqu’à 10 ans peuvent être nécessaires pour que l’hépatite C soit diagnostiquée chez un immigrant, et cinq de plus pour qu’il soit aiguillé vers des soins. Parmi ces obstacles, notons le statut d’immigration, la pauvreté, l’emploi précaire, le manque d’accès aux informations, les problèmes relatifs au transport et les services limités de garderie.

Les immigrants et les nouveaux arrivants sont moins susceptibles de contracter l’hépatite C à la suite d’une injection de drogue. Mais, puisque le virus se transmet plus communément par le biais des injections de drogues au Canada, certains prestataires de soins canadiens ne pensent pas nécessairement à proposer aux personnes qui ne s’en injectent pas de se faire dépister, notamment aux immigrants qui pourraient y avoir été exposés différemment.

Le manque de programmes de dépistage dans les communautés d’immigrants constitue un autre obstacle. L’accès au dépistage doit être simple et doit s’intégrer au sein de la communauté pour qu’il soit mieux adopté.

Préparation d’une campagne

En tant que source d’informations sur le VIH et l’hépatite C du Canada, CATIE aborde certains de ces enjeux en formant et en sensibilisant les immigrants et les nouveaux arrivants en Ontario à l’hépatite C, ainsi que les prestataires de services qui les soutiennent, grâce au financement du Ministère de la Santé de l’Ontario. Nous formons et employons des instructeurs issus de et travaillant pour les plus importantes communautés d’immigrants en Ontario, et nous publions des informations culturellement adaptées sur l’hépatite C dans 13 langues différentes.

Mais, dans ce contexte marqué par la pandémie de COVID-19, ces formations individuelles sont de plus en plus difficiles. Pour surmonter le défi logistique visant à toucher le public pendant les confinements, nous avons mis au point une série de vidéos conçues pour que les familles d’immigrants entament des dialogues entre elles et en discutent avec leurs prestataires de services — CATIE dans la cuisine : Parler d’hépatite C.

Cette campagne sensibilise le public à la prévalence et aux risques liés à l’hépatite C ainsi qu’au besoin de services de dépistage et d’aiguillage vers des services de traitement et de soins. La série nous présente des discussions extraites de la vie de tous les jours avec des membres de familles préparant des repas traditionnels; les vidéos se penchent sur l’enjeu sanitaire que représente l’hépatite C chez les immigrants, mais elles soulignent aussi l’importance de discuter avec ses proches du dépistage et des traitements.

Comment mieux mobiliser les immigrants et les nouveaux arrivants

Heureusement, il existe maintenant des traitements hautement efficaces qui guérissent 95 % des personnes atteintes de l’hépatite C en 8 à 12 semaines. Pour la plupart des gens, les frais sont couverts par les régimes d’assurance maladie territoriaux, provinciaux ou fédéraux; pour d’autres, ils le sont grâce à ceux offerts par les employeurs.

Parler de l’hépatite C avec les nouveaux arrivants et les immigrants constitue la première étape pour améliorer leur santé. Si vous êtes un prestataire de services, vous trouverez sur le site Web de CATIE une large panoplie de ressources visant à soutenir votre travail. Rédigées pour les immigrants et les nouveaux arrivants, elles vous sont également proposées dans les formats imprimé, vidéo et numérique, pour la plupart dans des langues parlées par de grandes communautés d’immigrants au Canada.

Que ce soit sur un coin de table ou en clinique, il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour parler l’hépatite C.

 

Fozia Tanveer est gestionnaire, Programmes de santé communautaire liés à l’hépatite C destinés aux immigrants et nouveaux arrivants, chez CATIE. Elle travaille chez CATIE depuis 2011 et détient une maîtrise en études développementales de la School of Oriental and African Studies de l’Université de Londres.

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