Les mesures de contrôle du coronavirus sont très importantes. Mais elles ne suffisent pas!

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Parlons tout de suite franchement. La nouvelle maladie à coronavirus (COVID-19) n’est pas un canular. Ce n’est pas une histoire médiatique exagérée. La COVID-19 est ici, parmi nous, et nous devons la prendre très au sérieux. La menace qui pèse sur notre santé personnelle et sur celle de la communauté dans laquelle nous vivons est réelle.

Nous avons la capacité de combattre ce virus

S’il y a une bonne nouvelle pour les personnes vivant avec le VIH, elle est double. Premièrement, nous sommes déjà passés par là. Nous n’en sommes pas à notre première épidémie. Nous savons, plus que quiconque, ce que c’est que de combattre un virus tout en faisant face à une myriade d’autres pressions. Deuxièmement, si nous nous portons bien sous traitement et que notre système immunitaire est en santé (votre compte de CD4 vous l’indiquera), nous ne sommes probablement pas plus à risque que nos amis séronégatifs. Il peut certes y avoir des facteurs de complication, comme l’âge ou d’autres préoccupations liées à la santé, mais autrement nous avons probablement la capacité de combattre le virus et notre statut VIH n’y change à peu près rien.

Comme l’a écrit Sean Hosein dans le récent numéro de Nouvelles de CATIE : « On ne s’attend pas à ce qu’une personne séropositive sous traitement efficace soit plus à risque de tomber gravement malade de la COVID-19. » Cependant, « une personne séropositive non traitée ou au compte de CD4+ faible pourrait être plus à risque de tomber gravement malade de la COVID-19. Les personnes atteintes du VIH ou de l’hépatite C sont plus susceptibles de souffrir d’affections médicales qui les mettent plus à risque de tomber gravement malades de la COVID-19. »

Notre réponse doit aller au-delà du contrôle des maladies

À présent, la plupart des gens comprennent ce qu’il faut faire pour réduire la probabilité de contracter ce coronavirus. La nouvelle norme inclut (ou devrait inclure) dorénavant : fréquents lavages et/ou désinfection des mains, ne pas se toucher le visage et pratiquer l’éloignement social. Vous avez probablement constaté qu’il est facile de se laver continuellement les mains, mais que le manque d’interaction sociale est moins facile à supporter. Les personnes vivant avec le VIH qui habitent seules, en particulier, ont besoin d’interaction sociale. De fait, les personnes les plus marginalisées font sans doute face aux batailles les plus difficiles. Mais, encore une fois, nous sommes une communauté bienveillante qui a déjà livré des batailles de ce genre. Nous nous entraidons en cas de besoin. Nous communiquons les uns avec les autres. Nous nous soutenons. Nous regardons au-delà du trouble médical. Nous sauvons des vies. C’est notre histoire.

Notre réponse à ce virus, encore une fois, doit aller plus loin que l’aspect médical et le contrôle des maladies. Nous devons reconnaître les répercussions d’un isolement prolongé, d’une anxiété prolongée et, dans certains cas, d’un désespoir prolongé. Notre communauté a toujours insisté sur l’importance d’une bonne santé mentale, spirituelle et sexuelle. Soulignons également l’importance de ces facteurs à l’époque de la COVID-19.

Les personnes marginalisées sont les plus démunies

Les personnes les plus marginalisées de nos communautés sont possiblement les plus démunies, en ce moment. Imaginez-vous en prison, ou sans logis ou hébergé dans un refuge bondé. Imaginez que vous pratiquez le travail du sexe, que votre survie dépend de ce revenu et que vous n’avez pas d’économies ou accès à une aide financière. Imaginez que vous consommez des drogues, en avez besoin pour survivre et avez l’habitude de partager. Comment composez-vous avec la nouvelle réalité?

Nous nous sommes déjà tournés vers la réduction des méfaits. Nous avons constaté à quel point il peut être difficile de modifier des comportements, donc nous offrons des solutions qui atténuent des risques. Depuis quelques jours, par exemple, nous voyons de toutes nouvelles ressources offrir des solutions de réduction des méfaits, tant aux personnes qui consomment des drogues qu’à celles qui pratiquent le travail du sexe. L’objectif est de réduire le risque de contracter ou de transmettre ce nouveau coronavirus. Ces ressources sont excellentes, mais nous avons besoin de plus d’informations de ce genre.

La réduction des méfaits pourrait être l’approche à adopter

On a dit, dans le passé, que la communauté queer est particulièrement vulnérable. C’est une communauté dont les membres ont tendance à être sociables. Comme il n’est pas rare que l’on vive seul, l’isolement social est lourd. Le sexe fait partie de notre culture; pas l’abstinence. Notre histoire nous révèle que les incitations à l’abstinence ont été particulièrement inefficaces pour contrôler la pandémie du VIH. J’ai bien peur qu’elles ne soient pas plus utiles contre la COVID-19.

Nous devons faire plus pour relever ces défis afin que n’éclose pas une mini-épidémie de COVID-19 dans la communauté queer. Je crois qu’il est temps de reconnaître qu’il faut pour certaines personnes des recommandations de réduction des méfaits, plutôt que des appels à l’abstinence. Ayons donc à ce sujet une conversation communautaire axée sur des solutions, dès maintenant.

Ce n’est pas le temps de faire la morale

Nous avons vu que la lutte contre les infections a été abordée. Nous avons vu que les implications économiques ont été abordées. Mais il reste une lacune dans la manière dont nous traitons l’impact sur nous en tant qu’êtres humains. Nous devons réfléchir aux répercussions de l’épidémie sur les personnes dont la santé mentale est fragile. Nous devons répondre aux besoins humains des personnes qui subissent des pressions extraordinaires. Ce n’est pas le temps de faire la morale à propos du mode de vie, de la consommation de drogues ou du sexe.

J’ai parlé à des personnes en difficulté, à des personnes qui ont peur, à des personnes qui voient la drogue comme une issue, à des personnes qui ont envie de contact humain et à des personnes dans le déni. Nous devons offrir à toutes ces personnes un soutien qui va au-delà des recommandations de lavage des mains et d’isolement. Les personnes marginalisées ont toujours besoin d’aide additionnelle – et elles devraient l’obtenir.

Mon intention n’était pas de soulever la morosité. Je crois profondément en la bonté humaine. Je vois des gens qui s’entraident, qui s’efforcent de communiquer entre eux, qui vérifient si les autres ont des besoins matériels, qui rendent l’isolement plus tolérable, qui trouvent de nouvelles façons de communiquer. J’observe un regain d’altruisme. Plus important encore, je suis certain qu’il y aura un terme à ceci. Ne désespérez pas. Gardez courage. Et une fois tout ceci terminé, soyez là pour la grande fête.

 

Bob Leahy est originaire de Warkworth, en Ontario, et vit avec le VIH depuis 1993. Ancien éditeur de PositiveLite, il est un commentateur fréquent des questions qui touchent les personnes vivant avec le VIH.

 

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