Test de détection de l’ARN du VHC au point de service — solution quant aux diagnostics d’hépatite C

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L’hépatite C est une infection virale qui peut causer des lésions et la formation de cicatrices au niveau du foie et rendre une personne très malade si elle n’est pas traitée. Près d’un quart des personnes qui ont déjà eu l’hépatite C au Canada ne savent pas qu’elles en sont atteintes; il est donc essentiel d’augmenter le dépistage si le pays veut éliminer l’hépatite C en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. Les progrès réalisés au cours des dernières années sont considérables et les outils disponibles pour le dépistage du virus n’ont jamais été aussi nombreux. La détection de l’ARN du virus de l’hépatite C (VHC) au point de service revêt un intérêt particulier pour bien des prestataires de services, car il peut être effectué en dehors du cadre clinique et utilisé auprès de populations qui sont parfois difficiles à joindre. CATIE a rencontré Tamara Barnett, infirmière autorisée au centre de santé communautaire Cool Aid, afin d’en apprendre davantage sur cette technologie et sur les avantages qu’elle peut apporter au champ du diagnostic de l’hépatite C au Canada.

Qu’est-ce que le test de détection de l’ARN du VHC au point de service, et comment est-il administré?

Le test de détection de l’ARN du virus de l’hépatite C utilise du sang prélevé par piqûre au doigt pour vérifier la présence d’une infection par le virus. Le sang est déposé dans une cartouche que l’on place ensuite dans un appareil appelé système GeneXpert, qui fournit des résultats dans un délai de 45 à 60 minutes. Si le système détecte le virus de l’hépatite C, la personne devra suivre un traitement qui lui permettra de guérir de l’infection en huit ou douze semaines.

Quelle est la différence entre un test de détection des anticorps et un test de détection de l’ARN?

Lorsque le virus de l’hépatite C pénètre dans l’organisme, le système immunitaire produit des anticorps contre le virus, lesquels seront détectés dans le sang par un test à cet effet. Une fois qu’une personne a été exposée au virus, son test de détection des anticorps sera toujours positif, même si elle a été guérie par un traitement ou si elle a éliminé spontanément le virus, ce qui se produit dans environ un quart des cas. Un test de détection des anticorps positif signifie que la personne a déjà été exposée, mais pas nécessairement qu’elle est infectée; il ne s’agit donc que d’un moyen de dépistage.

Le test de détection des anticorps de l’hépatite C permet dans un premier temps de savoir si la personne a déjà été exposée au virus. Puis, le test de détection de l’ARN du VHC viendra confirmer si la personne est actuellement infectée par le virus et nécessite un traitement. Si la personne obtient un résultat positif à la détection des anticorps, mais que l’ARN du virus est indétectable, alors elle n’est pas infectée par le virus de l’hépatite C.

Que signifie « au point de service »?

Un test « au point de service » ne nécessite pas de laboratoire et peut être effectué en dehors d’un milieu clinique. Il en existe différents types : un exemple assez connu est le test urinaire de grossesse, qui consiste à tremper le dispositif dans l’urine et qui donne un résultat en quelques minutes. Depuis la pandémie de COVID-19, la population canadienne s’est familiarisée avec un autre test au point de service, avec la distribution de l’autotest pour détecter le virus.

Quel est l’avantage du test de détection de l’ARN du VHC au point de service?

Le test de détection de l’ARN du VHC au point de service présente d’énormes avantages, car il fournit un résultat en moins d’une heure et détermine si la personne est actuellement infectée par l’hépatite C. Comme ce test ne nécessite qu’une piqûre au doigt, il n’est pas nécessaire de prélever du sang à partir d’une veine. Cette méthode est particulièrement intéressante, car les prises de sang courantes sont parfois complexes à réaliser pour les personnes dont les veines sont difficiles à trouver, ce qui est parfois le cas des personnes qui s’injectent des drogues, un groupe particulièrement touché par l’hépatite C au Canada. Les échantillons de sang doivent ensuite être envoyés au laboratoire et l’obtention des résultats peut prendre des jours, voire des semaines, selon le lieu de résidence. Le test de dépistage au point de service réduit considérablement le temps nécessaire pour recevoir un diagnostic et obtenir un traitement.

Le test de détection de l’ARN du VHC au point de service peut être réalisé dans des lieux où il est facile de joindre les communautés les plus touchées par l’hépatite C, tels que les refuges, les prisons, les programmes d’aiguilles et de seringues, les cliniques de soins primaires, les pharmacies et les centres de traitement des dépendances. Les pairs et les prestataires de services non médicaux peuvent suivre une formation sur l’administration du test de détection de l’ARN du VHC au point de service, qui leur permettra de tester les personnes là où elles se sentent le plus à l’aise et de faciliter leur accès aux soins. Cette approche diminue également les barrières causées par la discrimination et la stigmatisation que les groupes touchés par l’hépatite C peuvent rencontrer dans les établissements de soins conventionnels.

Où a-t-on eu recours au test de détection de l’ARN du VHC au point de service au Canada?

Le test de détection de l’ARN du VHC au point de service a surtout été utilisé dans les études portant sur différents modèles de prestation de soins pour l’hépatite C, comme le dépistage et le traitement en pharmacie, les services mobiles et de proximité et les centres d’injection supervisés. Dans bon nombre de ces études, le test de détection de l’ARN du VHC au point de service a été utilisé pour réduire le temps d’obtention d’un diagnostic, compte tenu de la difficulté à localiser les personnes pour leur transmettre des résultats obtenus de façon conventionnelle.

Qu’est-ce qui nous empêche de recourir davantage à cette technique de dépistage?

Nous savons que le test de détection rapide de l’ARN du VHC au point de service est employé avec succès dans de nombreux pays, dont l’Angleterre et l’Australie, ainsi que dans divers milieux tels que les prisons, les unités mobiles de proximité et les localités rurales. Cette technologie n’est pas encore approuvée par Santé Canada, mais nous prévoyons qu’elle le sera bientôt. Il se peut toutefois qu’elle ne soit pas financée par l’État, et il faudra donc déterminer où les investissements dans les tests rapides de l’ARN du VHC sont les plus nécessaires. D’autres pays ont démontré des bienfaits dans les prisons, les unités mobiles de proximité et les endroits où les gens obtiennent des services de réduction des méfaits. Toutefois, à ce jour, on ne sait pas exactement quelle sera la place du test de détection de l’ARN du VHC au point de service dans le système de soins de santé canadien. Ce que nous savons, par contre, c’est qu’il pourrait être un outil important pour garantir l’équité en matière de santé et améliorer l’accès au dépistage et au diagnostic.

 

Tamara Barnett est une infirmière autorisée en pratique avancée qui a travaillé dans de nombreux domaines, notamment l’hémodialyse, la dialyse péritonéale, les cliniques de santé sexuelle et les cliniques pour femmes, ainsi qu’à titre d’infirmière spécialisée dans les maladies transmissibles et d’infirmière de rue. Tamara travaille actuellement en soins primaires comme coordonnatrice du programme infirmier de traitement de l’hépatite C du centre de santé communautaire Cool Aid à Victoria (C.-B.). La clinique Cool Aid fournit des soins primaires à bas seuil d’accessibilité aux populations vulnérables, notamment aux personnes qui sont aux prises avec une dépendance à plusieurs substances et des problèmes complexes de santé mentale. 

Le programme de lutte contre l’hépatite C de Cool Aid utilise plusieurs modèles de soins novateurs, notamment l’approche « chercher et traiter les gens » et des initiatives menées par des pairs et des pharmacies. Tamara travaille également avec une prison locale pour créer un modèle de soins permettant d’éliminer l’hépatite C et d’établir un lien avec les soins primaires à la sortie de prison.

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