Les mesures à prendre pour éliminer l’hépatite B au Canada

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Qu’est-ce qui vous vient à l’esprit quand vous entendez « hépatite B »? Une infection qui se contracte en voyage? Un virus qui se transmet par voie sexuelle ou par le partage d’aiguilles? Une infection qu’il est en grande partie possible de prévenir grâce à un vaccin à deux doses? Bien que tous ces énoncés soient justes, l’épidémiologie de l’hépatite B au Canada est en plein changement : de plus en plus de Canadien·ne·s vivant avec l’hépatite B sont des immigrant·e·s et des nouveaux·elles arrivant·e·s en provenance de pays où l’hépatite B est endémique et où la transmission de ce virus se produit principalement pendant la grossesse et l’accouchement.

D’après une étude récente de l’Université de Waterloo, les stratégies actuelles de diagnostic, de vaccination et de traitement ne permettront pas au Canada et aux autres pays à revenu élevé et à forts taux d’immigration d’éliminer l’hépatite B en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030, un engagement pris lors de l’Assemblée mondiale de la Santé.

Que pourrions-nous faire différemment pour atteindre nos objectifs d’élimination?

Mettre en œuvre la vaccination à la naissance

Même dans les pays comme le Canada où la prévalence de l’hépatite B est faible, l’Organisation mondiale de la Santé recommande une première dose du vaccin contre l’hépatite B le plus tôt possible après la naissance pour tous les nourrissons, ce que l’on appelle la vaccination à la naissance. Toutefois, cette recommandation n’est pas en vigueur dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada. En effet, seuls le Nouveau-Brunswick, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut proposent la vaccination contre l’hépatite B à la naissance, tandis que l’Alberta, la Colombie-Britannique, l’Île-du-Prince-Édouard, le Québec et le Yukon la proposent à partir de deux mois après la naissance. Les cinq autres provinces proposent la vaccination aux adolescent·e·s âgé·e·s de 9 à 12 ans.

La dose administrée à la naissance est vitale, car elle permet de prévenir la transmission de l’hépatite B du parent à l’enfant pendant la grossesse et l’accouchement, ainsi que l’apparition d’une infection chronique chez le nourrisson. La dose administrée à la naissance est suivie d’autres doses du vaccin, administrées à des intervalles précis de manière à assurer une protection à long terme. Il est important que les provinces et les territoires qui n’offrent pas encore la vaccination à la naissance modifient leurs politiques en tenant compte de l’évolution de l’épidémiologie de l’hépatite B au Canada.

Élargir le dépistage de l’hépatite B

Il n’existe au Canada aucune ligne directrice nationale en matière de dépistage de l’hépatite B en dehors du cadre des soins prénataux. Or, des lignes directrices seraient utiles pour aider les travailleur·euse·s de première ligne et les prestataires de soins de santé à déterminer qui pourrait bénéficier d’un test de dépistage de l’hépatite B. Le diagnostic rapide de l’hépatite B est par ailleurs une première étape cruciale de la prévention de la transmission du virus, en plus de favoriser l’arrimage des personnes concernées au traitement et aux soins.

Récemment, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis ont mis à jour leurs lignes directrices sur le dépistage de l’hépatite B et recommandent dorénavant à tou·te·s les adultes de passer un test de dépistage au moins une fois dans leur vie. De même, le Canada pourrait proposer un test de dépistage unique à tou·te·s les adultes, et rendre le test de dépistage de l’hépatite B plus accessible de manière à aplanir les obstacles liés à la stigmatisation et à l’accès aux tests de dépistage, en particulier pour les populations prioritaires.

Accroître les efforts de sensibilisation et d’information adaptés à la culture

Au Canada, l’hépatite B est plus répandue parmi les populations également plus exposées au risque d’autres infections transmissibles sexuellement et par le sang, notamment les personnes qui s’injectent des drogues, les Autochtones, les immigrant·e·s et les nouveaux·elles arrivant·e·s, les hommes gais, bisexuels et autres hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, les personnes vivant dans la rue ou itinérantes, ainsi que les personnes ayant déjà été incarcérées.

Il s’agit toujours de communautés très marginalisées qui se heurtent à de multiples obstacles dans l’accès aux soins de santé, dont les interventions d’information et de sensibilisation doivent être adaptées à leur culture et tenir compte de leurs traumatismes. La prévalence de l’hépatite B est également plus élevée chez les Canadien·ne·s né·e·s dans des pays où cette infection est endémique, principalement en Afrique, en Asie et dans les Caraïbes. Il est donc évident que les barrières linguistiques et culturelles compliquent aussi l’efficacité des efforts de sensibilisation et d’information.

Renforcer la surveillance et le suivi 

L’un des obstacles établis auquel se heurte la lutte contre l’hépatite B est le fait de devoir composer avec des données épidémiologiques qui datent souvent de plusieurs années. L’accès à des données précises, centralisées et en temps réel pourrait être déterminant pour l’élimination de l’hépatite B en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030. Le perfectionnement de la surveillance et du suivi pourrait nous aider à mieux comprendre et suivre les tendances à l’échelle pancanadienne et régionale, ainsi qu’à mettre en œuvre des interventions éclairées fondées sur des renseignements obtenus en temps réel et adaptées à ceux-ci.

Le 11 mai marquera la deuxième Journée canadienne pour l’élimination de l’hépatite virale. Ce jour-là, nous demandons à tous les paliers de gouvernement de prendre des mesures immédiates, en collaboration avec les prestataires de soins de santé et de services et avec les communautés touchées par l’hépatite virale, de manière à respecter les engagements pris par le Canada dans le cadre de la première stratégie mondiale de l’OMS pour le secteur de la santé visant à éliminer l’hépatite virale en tant que menace pour la santé publique d’ici 2030.

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