Le crystal meth, parlons-en

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Si la dépendance psychologique au crystal est puissante, son association intime avec le cul, dans la communauté gaie, doit être nommée, reconnue et abordée, puisque tout simplement, l’un peut être le revers qui fait rechuter l’autre.

Si une substance peut devenir problématique en soi, il demeure impératif de prendre en compte les facteurs intersectionnels en jeu dans la relation à sa consommation.

De même, le facteur technologique des modes de rencontre et de livraison de baise et de drogue à domicile doit être pris en considération dans notre compréhension du sujet et ce, sans stigmatisation.

#PNP #TINA #SLAM #tothePoint

Pendant longtemps à Montréal, on ne pouvait pas nommer ce que les Londoniens nomment le chemsex. C’est vrai que la méthamphétamine est arrivée tardivement ici, comparativement à ailleurs. Sa consommation aurait néanmoins doublé en quelques années, peut-être un peu en partie parce que les poppers ne sont plus disponibles, que la méphédrone ne l’est pas encore et que le contrôle de nos marchés noirs a changé.

Ici, comme ailleurs, on ne voulait pas parler de crystal, parce qu’il s’agit d’un double, voire triple et quadruple tabou : on parle de drogue et de sexe, mais aussi de sexe gai, de sexe gai débauché, sans inhibition, lié à la sécrétion exponentielle de dopamine.

Si le film porno intensif de plusieurs jours à faire le party, sur l’écran comme dans le lit, peut nous séduire; il peut devenir difficile de s’en passer par la suite, de revenir notamment à une sexualité en état de sobriété et de s’échapper du contrôle que la drogue peut choisir d’exiger.

Ce n’est donc pas un luxe que d’avoir des ressources pouvant aider; des ressources qui connaissent les particularités de la substance et du contexte sexuel dans laquelle elle est prise, notamment chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HARSAH).

Heureusement, la loi du silence a été brisée et la communauté se prend en main. Heureusement, puisque la moitié des répondants au questionnaire en ligne de Meth@morphose, des utilisateurs de meth montréalais, HARSAH, souhaitent recevoir de l’aide en lien avec leur consommation.

L’étude Meth@morphose

Si quelques précurseurs avaient abordé la consommation de meth à Montréal, tels que Nimâ Machouf avec ses études épidémiologiques ou le site web informatif Meth & Réalité, lancé par la CMU du Quartier Latin; l’étude Meth@morphose, en créant une table de concertation réunissant les principaux acteurs concernés, a fait sortir le génie de la pipe en verre.

En plus de cette table et du recensement de la littérature sur le sujet, des services actuels et des besoins, les co-chercheurs principaux Ken Monteith et Jorge Flores-Aranda, ont favorisé une amélioration des corridors de service et des ressources offertes à Montréal.

S’il y a bien sûr Crystal Meth Anonyme, il y a maintenant aussi davantage d’intervenants et de ressources éclairés sur la consommation de crystal. Il y a d’ailleurs une série de capsules vidéo de la CMU du Quartier Latin qui en présente quelques-unes. Nous attendons aussi avec impatience la traduction du dépliant A Guide to Staying Off Crystal Meth For a Day or Longer par la Clinique médicale l’Actuel.

À ces deux cliniques, comme à la Clinique Opus, des intervenants connaissent le chemsex et utilisent souvent un mélange cognitivo-comportementale/pleine conscience.

D’autre part, de nombreux organismes communautaires tels que RÉZO et Sida Bénévoles Montréal (ACCM) sont au front; comme eux seuls peuvent l’être, selon une citation approximative de David Stuart. Ce dernier a d’ailleurs mis en ligne un guide pratique pour établir des objectifs en lien avec sa consommation, le Chemsex Care Plan.

Dans un esprit similaire, le bilan en ligne MonBuzz est offert par RÉZO, en collaboration avec l’Université de Sherbrooke (UdS). L’organisme offre des ateliers sur la sexualité et la consommation, a prolongé la table de concertation sur le chemsex et a entamé une collaboration avec le centre de réadaptation PORTAGE.

ACCM, pour sa part, offre le service KONTAK, des groupes de discussions et des ateliers de huit rencontres pour des gars ayant cessé de consommer, selon le modèle établi par ACT à Toronto. Des ressources par et pour et des exemples de pairs ayant réussi à cesser d’être sous l’emprise de Tina y sont aussi accessibles.

Reprendre le contrôle, cesser sa consommation, ou simplement commencer à en parler, c’est possible. De plus en plus de gens sont là pour aider.

Martin Bilodeau a été agent de projet sur la recherche Meth@morphose, une étude menée par des chercheurs de l’UDS, en collaboration avec la COCQ-SIDA et RÉZO.

 

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