Trois points à retenir de la Conférence AFRAVIH 2016

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L’AFRAVIH est une conférence scientifique, organisée tous les deux ans par l’Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH. Elle avait lieu cette année du 20 au 23 avril à Bruxelles, rassemblant plus d’un millier de participants, venus d’Europe, d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique du Nord. L’AFRAVIH ouvre un espace de débat francophone unique pour les acteurs de la lutte contre le VIH et les hépatites virales. La conférence est l’occasion de discuter avec des intervenants très divers, issus du milieu communautaire, de la recherche ou de la santé publique. Difficile de faire le tri dans un programme aussi riche[1]… Mais voici trois points à retenir de la conférence!

  1. « La PrEP partout, la PrEP maintenant »

La prophylaxie pré-exposition (PrEP) a occupé une place centrale dans les discussions de la conférence. La plénière d’ouverture, mercredi 20 avril, a été marquée par une action spectaculaire, coordonnée par la Coalition Plus, pour réclamer « la PrEP partout!» et « la PrEP maintenant!». Plus largement, un appel[2] est sorti de la conférence, signé par des militants et des chercheurs du monde francophone. Cet « appel de Bruxelles » s’adresse aux décideurs, aux autorités de santé, mais aussi aux laboratoires pharmaceutiques pour exiger la levée des « barrières législatives, financières et économiques qui entravent l’accès à la PrEP ». Ce consensus très large autour de la PrEP permet de mesurer le chemin parcouru, un peu moins de six ans après les premiers résultats de l’étude I-Prex.

  1. Les migrants en première ligne face au VIH

Les situations sanitaires des migrants ont aussi été largement discutées à l’AFRAVIH. Plusieurs sessions de l’AFRAVIH, et un symposium de l’Agence nationale de recherche sur le sida (France), ont permis de découvrir les résultats détaillés de l’enquête « Parcours »[3]. L’enquête, menée en France, a étudié les déterminants sociaux de la santé – en  particulier le VIH et l’hépatite B – chez des migrants d’Afrique subsaharienne. « Parcours » révèle notamment qu’une large part des migrants sont infectés après leur arrivée en France, ce qui contredit les présupposés courants d’une immigration « thérapeutique ». L’enquête offre également une analyse passionnante des trajectoires individuelles d’installation en France. La précarité durable (logement, papiers, emploi) vécue par les migrants apparaît alors comme un déterminant majeur de leurs conditions de santé.

  1. La francophonie comme espace de créativité intellectuelle

L’AFRAVIH 2016 n’a pas apporté d’annonces scientifiques fracassantes (c’est le cas de peu de conférences en réalité!). Mais c’est un espace unique de partage d’expériences et d’échanges avec des militants et des chercheurs du monde entier. Comme l’a justement souligné l’économiste Jean-Paul Moatti lors d’une plénière, le fait de penser, de discuter et d’élaborer en français est une excellente manière d’enrichir les réponses globales face au VIH et aux hépatites! À la conférence, les recherches québécoises et canadiennes étaient à l’honneur, avec plusieurs interventions orales et des affiches. Parmi d’autres, l’étude franco-québécoise IPERGAY a également démontré l’importance des collaborations francophones en recherche sur la prévention du VIH.

Rendez-vous à Bordeaux, en France, pour l’AFRAVIH 2018!

Gabriel Girard est sociologue, en post-doctorat à l’Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal. Gabriel s’intéresse aux politiques du risque, et en particulier aux questions liées à la santé LGBT et à la prévention du VIH. Il a également une longue expérience militante, dans le milieu communautaire. Il vit à Montréal et anime un site sur tous ces sujets : www.gabriel-girard.net

[1] http://www.afravih2016.org/images/Programme/AFRAVIH2016_Programme_web.pdf

[2] http://appel-bruxelles-prep.org/

[3] http://parcours-sante-migration.com/?-L-etude-&lang=fr

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