Prévenir le VIH pendant la pandémie de COVID-19 : la PPE et la « PPE dans la poche » à la rescousse

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Si vous n’avez qu’un bref instant pour la lecture de ce billet de blogue, voici ce que je souhaite que vous sachiez :

  • La prophylaxie post-exposition (PPE) amorcée dans les 72 heures suivant une exposition peut prévenir l’infection par le VIH.
  • La PPE dans la poche s’est révélée d’une grande efficacité pour prévenir l’infection par le VIH chez des personnes exposées moins fréquemment.
  • Vu l’utilisation moindre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) quotidienne pendant la pandémie, la PPE dans la poche pourrait jouer un rôle accru dans la prévention du VIH, pour des personnes sexuellement actives et des personnes qui s’injectent des drogues.

Maintenant que j’ai dit ce que j’avais à dire, permettez-moi d’expliquer. Le VIH demeure une menace pour la santé mondiale, même dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et des mesures de santé publique qui en découlent. Conformément aux objectifs de l’ONUSIDA pour réduire ce fardeau, la prévention du VIH au moyen de la PPE et de la PrEP joue un rôle majeur vers l’atteinte de ces objectifs. Mais en dépit de l’utilité déterminante de la PrEP pour prévenir le VIH chez des personnes ayant des expositions à risque élevé, on observe des lacunes dans les stratégies de prévention du VIH, notamment pour les personnes exposées moins fréquemment. C’est là que la PPE dans la poche (PEP-in-pocket ou PIP en anglais) peut avoir une place importante.

Il y a eu diminution de l’utilisation de la PrEP et de l’offre de services de santé sexuelle et de lutte contre le VIH au cours de l’année, en raison de la pandémie de COVID-19. Puisque les restrictions de santé publique liées à la COVID-19 sont spécifiques à chaque région sanitaire, il est difficile de maintenir des services assidus en santé sexuelle pour répondre aux besoins continus des personnes qui souhaitent prendre des antiviraux afin de prévenir le VIH. Étant donné que les recommandations de santé publique changent fréquemment et que des rencontres sexuelles non planifiées ont toujours lieu, il existe un risque accru d’infections transmissibles sexuellement, comme le VIH. En outre, certaines personnes qui utilisent des drogues continuent de partager leurs seringues en raison de l’interruption des services de réduction des méfaits, ce qui expose davantage de personnes au risque de contracter le VIH et l’hépatite C.

C’est là qu’intervient la prophylaxie post-exposition (PPE) : on peut l’utiliser dans ces contextes pour réduire le risque d’infection par le VIH. Le sujet a été abordé dans des études menées à Toronto : les prescripteurs devraient recommander la PPE dans la poche aux personnes qui utilisaient la PrEP avant la pandémie.

Voici ce que je recommande, à titre de médecin spécialiste des maladies infectieuses, pour intégrer la PPE dans votre pratique :

  1. Discutez avec vos patients de l’importance de la prévention du VIH.
  2. Discutez de l’utilisation possible de la PPE dans la poche, notamment durant la pandémie de COVID-19, par des personnes ayant des expositions peu fréquentes à un risque élevé de contracter le VIH.
  3. Donnez aux patients une ordonnance pour une PPE de 28 jours :
    • TDF/FTC 300/200 mg par jour, plus dolutégravir 50 mg par jour.
    • Pour les personnes ayant un potentiel de grossesse : TDF/FTC 300/200 mg par jour, plus raltégravir 400 mg deux fois par jour.
  4. Soutennez  vos patients :
    • Remplir l’ordonnance et l’avoir à portée de la main pour un accès rapide.
    • Amorcer le régime dans les 72 heures suivant l’exposition potentielle au VIH.
    • Parlez-leur des expositions potentielles, par exemple les relations vaginales ou anales sans condom avec des partenaires dont ils ne savent pas avec certitude si le statut VIH est négatif, ou qui vivent avec le VIH et ont une charge virale détectable connue ou soupçonnée; ou le partage de matériel d’injection de drogues.
  5. Planifiez un suivi :
    • Si la PPE dans la poche est amorcée, votre patient devrait revenir à la clinique après une à deux semaines pour des analyses sanguines de base, y compris un dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang.

En tant que prestataires de soins de santé, nous pouvons encore nous efforcer de réduire le fardeau du VIH et de soutenir nos patients, même si cette récente année a mis à rude épreuve les services de santé sexuelle. J’espère vous avoir fourni quelques outils supplémentaires pour atteindre cet objectif. Assurons-nous d’utiliser tous les outils à notre disposition pour prévenir le VIH, même en pandémie de COVID-19.

 

Le Dr Amila Heendeniya est médecin spécialiste des maladies infectieuses à l’Université du Manitoba. Il a suivi sa formation spécialisée en maladies infectieuses à l’Université de Toronto après sa formation en médecine interne à l’Université de la Saskatchewan. Il s’intéresse en particulier aux stratégies de prévention du VIH dans les populations marginalisées.

 

 

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